(United Artists UA-LA199-G, 1974)


Titres
A1 Lookin' For A Love (2:37)
A2 I Don't Want To Be Hurt By Ya Love Again (3:27)
A3 Doing It My Way (5:44)
A4 Let It Hang Out (2:26)
A5 Point Of No Return (2:42)
B1 You're Welcome, Stop On By ( 3:44)
B2 You're Messing Up A Good Thing (2:38)
B3 Don't Let Me Down (2:06)
B4 Copper Kettle (3:17)
B5 There's One Thing That Beats Falling (2:44)
Crédits
Bobby Womack : chant, guitare
Friendly Womack Jr., Curtis Womack, Cecil Womack, Harry Womack : chœurs
David Hood : basse
Roger Hawkins : batterie
Pete Carr, Jimmy Johnson, Rhino Rheinardt, Tippy Armstrong : guitare
Barry Beckett, Clayton Ivey, Truman Thomas : claviers
Muscle Shoals Horns : cuivres
Arrangements : René Hall, Bobby Womack
Production: Bobby Womack, Muscle Shoals Sound
Je sais vous allez me dire encore lui, eh bien OUI mes amis et plus que jamais je suis un monomaniaque et j'assume


Cet album de 1974 est pour moi son dernier chef d’œuvre car je trouve les suivants un peu plus inégaux et éloignés de son style avec des sonorités un peu moins soul. Entre Communication (1971) Understanding (1972) Facts Of Life (1973) et celui-ci on a la bande des quatre

Il a été enregistré une nouvelle fois dans les studios de Muscle Shoals en Alabama et son équipe de tueurs qui ont crée tant de fabuleuses pièces de notre puzzle musical.
La pochette le montre avec sa guitare acoustique sur le dos tel un chanteur de folk car on pense moins souvent au fait que Bobby était autant un compositeur qu'un interprète, et il a toujours voulu garder autant cette image de chanteur et compositeur à guitare que de show man au cœur soul.
Le verso le montre en tenue de chanteur de Country façon Grand Ole Opry; ben oui Bobby il s'en fout il fait ce qu'il veut et là il se retient encore

Je trouve qu'il avait beaucoup de charisme, et un regard fascinant. Je sais pas pour vous mais même si je suis trop jeune pour les avoir vus à leur grande époque, le look et le physique des artistes jouent un rôle pas négligeable dans l'intérêt pour leur travail. C'est la première chose qui saute aux yeux sur les pochettes et ça fait partie du coup de cœur initial. Le chanteur à lunettes ben c'est un style qui me plait

"Lookin' For A Love".
Le classique, le hit de l'album et malheureusement son dernier n°1 et son seul top 10 au Billboard. Ce morceau a une longue histoire puisque c'est un vieil air de Negro Spiritual "Couldn't Hear Nobody Pray" repris par The Womack Brothers durant leur carrière Gospel. Lorsqu'ils ont franchi le pas de quitter la musique sacrée pour celle du diable ce morceau a été réécrit par J.W. Alexander, comparse de Sam Cooke chez SAR Records avec un nouveau texte parlant d'amour destiné au public noir et adepte de Rhythm'n'Blues. Sorti en 1962 ce titre a très bien marché à l'époque et même permis aux Valentinos de faire les premières parties de James Brown.
Pour la petite histoire la version de l'album, Bobby l'a enregistrée en studio en une seule prise pour s'échauffer (ah ouais quand même!) et ses frères l'accompagnent. Il ne pensait pas la publier sur un album et encore moins en single mais devant l'insistance de l'assistance (très mauvais jeu de mot je vous l'accorde) il a changé d'avis. Y a des chansons dans la carrière d'un artiste qui les suivent comme ça comme des porte bonheur quoi qu'il arrive.
La version de l'album est plus funky et produite parfaitement avec des musiciens qui y implantent le groove 70's. Le synthétiseur est vraiment bien utilisé à mon goût et apporte un vrai plus. Mais j'aime aussi celle des Valentinos dans un style plus Doo-Wop.
Je vous mets les deux liens pour comparer le chemin parcouru en plus de dix ans d'écart.
"I Don't Want To Be Hurt Again".
Un style mélangé comme d'habitude avec Bobby, mais qu'est ce qu'il était bon. Il commence dans le calme puis monte en puissance jusqu'à l'apothéose et ses cris reconnaissables entre mille. Sa voix est vraiment pleine d'émotions palpables et il ne surjoue jamais, toujours dans la sincérité du sentiment. Les musiciens méritent vraiment une reconnaissance car ils sont vraiment indispensables et la guitare est presque "Santanesque" si j'ose dire.
"Doing It My Way".
Une chanson qui prend son temps où les choses sont calmes, posées, on s'éloigne de la soul nerveuse et ici je ressens l'impression d'être en tête à tête avec Bobby qui s'adresse directement à moi avec sa voix qui me séduit et les musiciens qui restent plus discrets. Même si ce style, qui me rappelle le style Dionne Warwick dans les arrangements et l'ambiance des morceaux, me touche un peu moins sa voix rattrape tout et je te laisse faire les choses à ta façon Bobby y a pas de problème

" Let It Hang Out".
Ce morceau me fait penser de loin à un titre de Don Covay "Sookie Sookie" je pense que Bobby s'en est inspiré inconsciemment peut-être, en tout cas c'est une très bonne référence car Don Covay était un excellent compositeur. La chanson de Don Covay est plus proche d'un style Stax plus traditionnel (j'adore) et Bobby lui c'est du Womack bien sûr avec son style de rythmique bien particulier et la guitare plus présente. Je mets les deux liens pour que vous me donniez votre avis et si vous trouvez qu'il y a une référence ou si j'ai des visions. J'aime beaucoup ce titre, et les sonorités qui me rappellent "Simple Man" de Understanding.
"Point Of No Return".
Encore un titre de Jim Ford (très bon artiste). Un de mes morceaux préférés de l'album, et toujours avec Jim Ford ce mélange de Soul Country vraiment à part qui touchait beaucoup Bobby. Les mélodies sont à chaque fois belles et travaillées avec cette mélancolie soulful indescriptible qui vous atteint en plein cœur. C'est vraiment beau, touchant et l'accompagnement est tout en retenue avec un harmonica qui renforce la sonorité countrysante. Mais Bobby est vraiment un formidable interprète car il envoie cette chanson avec son feeling et son groove encore plus loin que Jim Ford ne pouvait le faire, une lointaine contrée, au pays de l'âme...
"You're Welcome, Stop On By".
Toujours des morceaux groovy et sentimentaux avec des ponts toujours originaux et des accords innatendus. Des sonorités rock avec des guitares bien aiguisées et saccadées et un mélange subtile de cuivres et de cordes. Et le synthétiseur Moog reconnaissable à la première seconde habille magnifiquement ce morceau.
"You're Messing Up A Good Thing".
Un morceau très agréable avec une connotation plus traditionnelle dans les sonorités, avec l'apport des choristes féminines et une guitare qui me rappelle le style de Curtis Mayfield avec les Impressions, et je n'ai rien de plus à dire à part que j'aime ça.

"Don't Let Me Down".
Là je suis obligé de marquer un petit temps de pause avant d'écrire la suite...
Ce morceau m'a mis à terre, retourné la tête, j'en suis devenu dingue à la première seconde mais P***** qu'est ce qu'il est jouissif!!!
Pour moi dont les premiers amours en terme de musique sont la Soul puissante type Wilson Pickett ou Sam & Dave, le Rock'n'Roll des années 50 ou le bien nerveux à la Creedence ou J. Geils Band là y a tout et plus encore, c'est fantastique.
Les musiciens sont monstrueux, le batteur marque la rythmique presque pré Hip Hop comme un marteau piqueur (tout ce que j'aime), la guitare fracasse juste quand il faut sans se mettre trop en avant (ce que j'aime beaucoup dans la Soul contrairement au Rock), la basse groovissime et bien lourde, le synthétiseur rythmant parfaitement tout ça et les cuivres qui apparaissent au deuxième couplet; et dans la pure tradition Staxienne en remplacement de choristes, ils ajoutent une couche de groove comme si on en avait pas assez tiens! N'essayez pas de résister vous vous feriez trop de mal alors comme moi, auditeurs faibles et sans volonté, succombez!
Et Bobby dans tout ça il est présent plus que jamais à déclamer son texte avec toujours autant de puissance et d'exubérance et sa diction apporte une touche de groove et de rythme supplémentaire, j'en tombe à genoux devant tant de maîtrise! Essayez un peu de reprendre ça les Rolling Stones qu'on rigole!

J'adore cet album pour plein de raisons mais CE titre est un monument pour moi que j'admire chaque jour et qui me suivra jusqu'à la fin.
Mais je n'ai qu'une seule question à poser à Bobby dans l'Au-delà... Mais POURQUOI


"Copper Kettle".
De la pure country avec la guitare slide en fond sonore, teintée du feeling soulissime de Bobby. Ce morceau a été popularisé par Joan Baez et est devenu un classique folk. Ce style peut en rebuter certains mais je pense que Bobby développe une certaine cohérence et un brassage des genres car la Country est un style comprenant des similitudes avec la Soul ou le Blues et n'oublions pas que ces albums sont enregistrés dans le sud des Etats-Unis où cette musique est partout. Bobby y incorpore son feeling soulful mais je pense qu'il y a un lien fort entre tous ces styles avec la sincérité du message et la simplicité et l'honnêteté des chants et des mélodies qui les rapprochent. Même si ce n'est pas forcément le morceau que je préfère sa voix est tellement poignante j'y peux rien je me laisse emporter!

" There's One Thing That Beats Falling".
Là on repart dans du Womack pur jus avec ce titre. L'intro de guitare nous laisse penser qu'on va partir direct sur l'autoroute du Rock mais avec Bobby c'est toujours plus subtil que ça, on passe par des petits chemins de campagne en faisant un crochet par les violons Motown, les mélodies à la Sam Cooke nous éclairent tandis qu'on passe des ponts avec du Rock bien nerveux et des passages à l'église avec des envolées vocales éblouissantes. Du Womack, du génie, "You can run, You can't hiiiiiiiiiiiide" mais je me cache pas Bobby enfin!
Voilà j'espère vous donner envie de découvrir cet album pour lequel j'ai un faible (c'est le premier que j'ai découvert), et de le réécouter pour ceux qui le connaissent déjà!