

Titres
A1 I Can Understand It 6:30
(Bobby Womack)
A2 Woman's Gotta Have It 3:30
(Bobby Womack, Darryl Carter, Linda Womack)
A3 And I Love Her 2:40
(John Lennon, Paul McCartney)
A4 Got To Get You Back 2:47
(Chris Green, Jimmy Lewis, Jerry Lynn Williams)
B1 Simple Man 5:50
(Joe Hicks, Bobby Womack)
B2 Ruby Dean 3:22
(Joe Hicks, Bobby Womack)
B3 Thing Called Love 3:55
(Joe Hicks)
B4 Sweet Caroline 3:07
(Neil Diamond)
B5 Harry Hippie 3:50
(Jim Ford)
Crédits
Bobby Womack : chant, guitare
Janice Singleton, Pam Grier, Patrice Holloway : chœurs
David Hood, Mike Leech : basse
Roger Hawkins, Hayward Bishop : batterie
Jimmy Johnson, Reggie Young, Tippy Armstrong : guitares
Bobby Wood, Barry Becket : claviers
Harvey Thompson : saxophone ténor
Ronnie Eads : saxophone baryton
Dale Quillen : trombone
Harrison Calloway Jr : trompette
Arrangements : René Hall, Bobby Womack
Production : Joe Hicks, Bobby Womack
Bon aller je me lance j'espère que vous serez indulgents avec cette présentation car je suis novice.
Ah Bobby Womack

Comme son homologue Wilson Pickett il savait aussi bien vous transpercer le cœur avec une ballade déchirante, que vous faire remuer comme un fou en poussant des cris de possédé mais toujours avec cette classe, ce feeling incomparable et cette voix éraillée juste ce qu'il faut.
Ils lui doivent tous quelque chose, les Rolling Stones lui ont emprunté leur 1er N°1 en Angleterre "It's All Over Now", le J. Geils Band son "Lookin' For A Love" et même Rod Stewart lui a piqué ses violons dans son morceau "If You Want My Love, Put Something Down On It" pour son hit planétaire "Da Ya Think I'm Sexy".
Bobby a commencé avec ses frères dans un groupe de Gospel The Womack Brothers devenus The Valentinos après avoir pris des distances avec le Gospel. Pris sous la coupe de l'oncle Sam (Cooke) pour finir avec sa veuve, il a dû se faire oublier pendant quelques années car boycotté par la communauté noire qui voyait en Sam un exemple et un grand frère spirituel. Il est devenu guitariste de studio et compositeur pour les autres, Wilson Pickett principalement, mais aussi Janis Joplin par exemple.
C'est une sorte de chainon manquant entre le monde du Rhythm And Blues traditionnel issu du Gospel et du Chitlin' Circuit et de la révolution rock des années 60 car il était proche des Rolling Stones, Janis Joplin qu'il est surement le dernier à avoir vu en vie mais aussi de Sly Stone notamment. Il s'est fait une spécialité de reprendre des morceaux de musique pop (Bob Dylan, Beatles, Mama's And Papa's, James Taylor...) pour les transformer complètement.
Trêve de bavardage passons à cet album. Il s'agit du 4ème album solo de Bobby Womack et de son second chez United Artists.
Sorti en 1972, autant dire qu'à cette époque tout ce qu'il touchait se transformait en or. Il avait déjà imposé son style avec son album précédent tout aussi remarquable et enfonce un peu plus le clou pour leur montrer à tous que peu importe les embuches il est toujours là; plus talentueux et inspiré que jamais en ce début des années 70.
Respect Bobby pour ta ténacité! Accompagné de la même crème des musiciens de l'American Studio et de Muscle Shoals que sur ses premiers disques j'ai un petit faible pour ce disque et Lookin' For A Love Again sorti deux ans plus tard. Il contient son premier N°1 "Woman's Gotta Have It". Ce succès lui a permis d'enregistrer ensuite la bande originale du film Accross 110th Street.
Bobby l'a enregistré durant la même semaine de session que son premier album Communication et voulait qu'il soit sa première sortie chez United Artists. II trouvait plus logique de comprendre d'abord (Understanding) et de communiquer ensuite (Communication) mais le label en a décidé autrement

"I Can Understand It"
Le premier morceau résume le style Womack à lui seul, ce n'est ni de la soul sudiste, ni du Motown, ni de la pop, ni du funk, ni du rock; c'est tout ça à la fois. Un son qu'il a inventé. Guitare qui vibre, violons tournoyant, chœurs sensuels, et une grosse base rythmique batterie et basse bien lourde et puissante. Et la voix de Bobby qui sait tout faire. Un vrai preacher!
"Woman's Gotta Have It"
Quel titre!!! Tout est fantastique dans ce morceau. L'introduction, le roucoulement de la voix de Bobby qui vous transperce puis ce petit monologue d'introduction qui est sa marque de fabrique et que son label a voulu lui faire enlever ce que le sieur a bien entendu refusé. C'est fou quand il vous transmet un message vous êtes obligé de l'écouter religieusement, oui Bobby je ferais la vaisselle plus souvent, promis

Ensuite cette basse

Le texte me fait penser à une sorte de réponse au "Respect" d'Aretha Franklin de la part des hommes devant respecter leur femme s'ils veulent la garder près d'eux. Cette chanson lui a d'ailleurs amené les faveurs du public féminin. "You got to give her what she wants, when she wants it, where she wants it and how she wants it" ça a le mérite d'être clair, à moins que... Il ne précise pas ce que "it" signifie, je vous laisse seul juge...


"And I Love Her"
L'ensemble de l'album est de très haut niveau alternant les reprises bien senties comme ce morceau des Beatles (très belle mélodie signée McCartney dans laquelle Bobby implante son savoir faire d'interprète plein de feeling).
"Got To Get You Back"
Toujours des trouvailles dans les arrangements, on ne s'ennuie jamais dans tous ces morceaux et il y a toujours quelque-chose à découvrir. Ici des changements de rythme, des montées puissantes alternant avec des moments plus calmes les instruments qui se répondent les uns aux autres.
"Simple Man"
La face B débute avec un autre grand moment du disque (y a que ça en fait). Difficile de classer ce titre y a du rock dans la guitare, une ligne de basse avec trois notes qui se répètent en boucle sur une pulsation rythmique implacable et tout ce petit monde qui se greffe dessus avec une autre guitare bien tranchante, les claviers qui apparaissent puis laissent la place à des cuivres, un synthétiseur et même des cordes sur la fin. Ce morceau c'est de la bombe avec tout le savoir faire des musiciens du sud de ce début des années 70, et Bobby est impérial comme toujours en chef d'orchestre!
"Ruby Dean"
Un morceau avec des accents que j'oserais appeler Country avec cette guitare acoustique, une pedal steel et un harmonica discret mais lancinant. Bobby aurait emprunté la phrase "Don't take your love to town" au chanteur de country Kenny Rogers. Le texte parle d'un enfant s'adressant à sa mère qui néglige ses enfants et son mari. Comme d'habitude tout est sublime, les harmonies dans le refrain, la mélodie mélancolique, les violons apparaissant juste quand il faut pour affirmer la tristesse du message. Bobby montre que l'influence de la musique country a touché beaucoup plus de chanteurs noirs que l'on pourrait le penser; il a d'ailleurs sorti un album de country avant de quitter United Artists.
"Thing Called Love"
On ressent l'influence de Sly Stone avec la guitare wah wah et les changements brutaux accompagnés des cuivres qui vous cognent aux oreilles tout en gardant son style propre.
"Sweet Caroline"
Une reprise de Neil Diamond enregistré dans le même studio trois ans plus tôt montre la diversité des influences de Bobby capable de tout chanter.
"Harry Hippie"
On finit avec un titre qui ne peut que vous donner des frissons jusqu'aux orteils (c'est mon cas). "Sha la la la Sha la la la" sortez les briquets

En résumé, un classique!