(Cannonball Records CBLL04, 2016)
Par une nuit étoilée du Michigan, dans un hangar aux couleurs rouillées, Alberto “Folpower” Zanini, patron du label Cannonball, aidait son ami Brad Hales à trier son stock de vieux vinyls : une recherche de la perle rare, de la baleine blanche, faite sous des flots de bière bue. Salement énivré et profondément lassé et déçu de la pauvreté artistique du gros tas de galettes amoncelées sur la table et sa nappe à carreau rouge, Alberto fit alors signe qu'il allait se coucher, que cette nuit n'était pas propice à la musique, quand son ami Brad le supplia d'écouter le dernier qu'il était entrain d'épousseter avant de poser le diamant. C'était un acétate, surement daté du début des années soixante-dix et étiqueté du nom d'un certain Lee Dowell suivi d'un "What I Done Wrong" à peine lisible.
Les premières mesures magiques du piano et la voix belle et claire de Lee désenivrèrent immédiatement les deux amoureux de musique Soul. Ils restèrent hébétés, les yeux fixant un horizon loin et invisible, jusqu'à la fin de cette chanson frustre qui n'avait comme orchestration qu'une simple voix posée sur quelques notes de piano.
Un profond silence suivi, brisé par un "Je le veux" d'Alberto.
Au même moment, dans un petit appartement new-yorkais, un papy nommé Lee Dowell dinait avec ses deux petits-enfants. L'ambiance était chaleureuse et bonne enfant. Lee avait préparé leur dessert favori, la "cherry pie" qu'il avait appris à cuisiner lorsqu'il séjournait dans le Michigan. Juste après la dernière cuillerée, le plus grand se leva de table et tout en criant "Il se fait tard, maman nous attend" se dirigea vers le piano droit du salon. Toujours debout mais les doigts capricieux de sa main gauche effleurant les vieilles touches du piano, il commença le thème de ""What I Done Wrong" et d'une voix espiègle demanda "Papy, allez papy, peux tu nous la chanter avant de partir". Le vieux Lee connaissait bien ce rituel, c'était le signe d'un au-revoir, alors il sourit largement, racla sa gorge, prit un verre d'eau pour éclaircir sa voix et celle-ci, toujours aussi ronde et majestueuse, remplit d'échos le vieil appartement. Pendant qu'il chantait, les deux petits-enfants se jetèrent sur lui, l'embrassèrent joyeusement et aussitôt firent volte face, prirent leur sweat à capuche tandis que Lee reprenait la mélodie au piano, s'engouffrèrent dans le froid new-yorkais et mirent le rappeur Drake dans leurs écouteurs. La porte claqua et comme toutes les fois Lee finit de chanter "What I Done Wrong" seul au piano de son vieil appartement en pensant qu'il n'avait plus qu'à attendre quinze jours pour les revoir, "comme le temps passe vite avec cette chanson, c'est presque un miracle ! "
Extented Version :
Extraits Versions vocale & Instrumentale :
Version 45 tours (son très moyen) :
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