David Bowie - Young Americans (RCA Victor RS 1006, 1975) UK

Titres
A1 Young Americans 5:10
A2 Win 4:44
A3 Fascination 5:43
A4 Right 4:13
B1 Somebody Up There Likes Me 6:30
B2 Across The Universe 4:30
B3 Can You Hear Me 5:04
B4 Fame 4:12
Crédits
David Bowie : Chant, Claviers, Guitare
Anthony Hinton, Ava Cherry, Diane Sumler, Luther Vandross, Robin Clark, Warren Peace : chœurs
Emir Ksasan, Willy Weeks : basse
Andy Newmark, Dennis Davis : batterie
Carlos Alomar, Earl Slick : guitare
Michael Garson : claviers
Larry Washington, Pablo Rosario, Ralph McDonald : percussions
David Sanborn : saxophone
Arrangements voix : David Bowie, Luther Vandross
Arrangements cordes : Tony Visconti
Production : Tony Visconti
David Bowie aurait rêvé d'avoir tous les musiciens de MFSB sous la main pour enregistrer dans les studios Sigma Sound, temple de la Philly Sound. Mais ils s'étaient tous désistés sauf le percussionniste Larry Washington, ce qui rendit Bowie plein d'amertume. Il jura qu'il les battrait sur leur propre terrain. La Soul et le Funk lui appartenaient, maintenant.
Début 1974, David Bowie, fatigué des folles tournées théâtrales où tous les soirs le public, en adoration, fusionnait avec un être venu d'ailleurs, un être aux cheveux de sang affublé d'un boa bleu qui s'enroulait autour d'une tête de corsaire borgne, la sienne, David donc lassé de ses incessantes excentricités vit un Marvin Gaye en concert tout de blanc vêtu, presque transparent, magnificent, sa voix sensuelle sur un tapis de cordes magiques faisant briller des centaines d'yeux dans le noir.
La Soul avait inculqué son virus.
Il finit son apprentissage avec Carlos Alomar, à l'époque guitariste chez les Main Ingredient, qui lui fit rencontrer le batteur de Sly & The Family Stone, le bassiste de Donny Hathaway ainsi qu'au chant Luther Vandross.
Et tout ce petit monde funky ainsi que certains fidèles comme le pianiste Mike Garson se retrouvèrent pendant deux semaines, en plein mois d'aout 1974, de minuit sombre à l'aube fraîche, dans les studios Sigma Sound pour accoucher ce qui devait être pour David le nouveau Graal de la Soul.
Ce qu'il réussit à moitié grâce à cette face A resplendissante, mais qu'il échoua à cause d'une face B insipide juste sauvée par le final "Fame".
La chanson-titre "Young Americans" est une merveille de mid-tempo porté par le saxo de l'autre David (Sanborn) et par des chœurs distillant des montagnes d'harmonies gospel (et qui citent le "I read the news today, Oh boy" du "A Day In The Life" des Beatles dans la coda); David est comme un poisson dans l'eau et s'amuse à multiplier les effets de sa voix : de larges vibratos s'enchainent sur des grognements grossiers suivis par des légers falsettos.
Avec "Win" nous rentrons à petits pas dans un autre monde. Des effluves de saxophone, s'échappant d'une aube naissante et noyées de nappes de synthés évanescentes, à la rencontre de la voix presque chuchotante de David et des chœurs gonflés de sang, ce tableau, rempli de mystères, représente la victoire quotidienne du jour sur la nuit. Superbe morceau.
L'intro de "Fascination" est fascinante, terrassante, c'est le moins que l'on puisse dire. Grandiose.
C'est une mixture miraculeuse de guitares wah-wah, de clavinet d'outre-tombe, d'un saxo hurlant, de chœurs d'un autre âge et de la voix douloureuse de David poursuivie par les fantômes de son enfance, le tout (trans)porté par un funk hallucinant. Deux fois grandiose.
Pour le final de la face A, "Right", David s'est souvenu du concert de Marvin Gaye. Entre le suave et la rage. Entre la caresse et l'accouplement sauvage. Entre la dévotion et la persécution. Un final digne de "I Want You".
Et puis c'est le trou. Passons vite. Oublions très vite.
Posons notre diamant directement sur "Fame" le morceau qui clôture l'album et que tout le monde connait. "Fame" est en fait une reprise (déguisée ou trafiquée) de "Foot Stompin'" des Flares, chanson doo-wop de 1961, arrangée au départ comme une Jam-funk. Mécontent du résultat, David repart presque de zéro et ne garde que le riff funky joué par la guitare de Carlos à partir duquel il expérimente, tel un magicien, en ajoutant des boucles, des guitares fuzz, des pianos à l'envers et en trafiquant sa voix... pour finalement rendre hommage au funk de James Brown qui lui rendit l'appareil en adaptant le riff de "Fame" pour son single "Hot" en 1976 !
La boucle est enfin bouclée.
Tchao David !
Note : 5 stars / 6.
Post Scriptum :
Pour quelles raisons David Bowie n'a-t-il pas gardé "John, I'm Only Dancing (Again)" sur la face B ?
On aurait été proche du chef d’œuvre.
Young Americans :
Young Americans Live (performing on Dick Cavett Show [4 of December 1974]):
Win :
Fascination :
Right :
Somebody Up There Likes Me :
Across The Universe :
Can You Hear Me :
Fame :
Fame Live (Soul Train) :
Bonus
John, I'm Only Dancing (Again) :
Who Can I Be Now? :
It's Gonna Be Me :