
A chaque fois que Revpop écoute Vernon Garrett chanter "Little Black Woman" il ne peut s'empêcher de penser à Jewell Whittaker, la femme de Vernon, si tôt disparue. En 1968 des suites d'un cancer du sein. Si jeune. Un choc tel que Vernon voulut mettre fin à sa carrière, abattu qu'il était. L'alcool se mit alors à couler, à flots. Seul, dans un petit motel miteux de San Francisco, le Pickwick Hôtel dont l'enseigne aux clignotements douteux était aussi borgne que son propriétaire, allongé, l'air lourd de cette chambre, comme une chape de plomb posée sur une silhouette sans âme, ne laissait aucune échappatoire à Vernon.
Pensait-il, rêvait-il, voyait-il : il n'était pas suffisamment conscient pour le savoir. Toujours est il que sa femme apparut dans sa somptueuse robe turquoise qu'elle portait lors de son enterrement. Une robe turquoise à volants dans une dentelle transparente qui voletait aussi gracieusement que le sourire qu'elle esquissa au moment de lui dire : "Vernon, que fais tu ici, dans cet état ? dis chéri !", les mouvements de sa robe s'agitaient de plus en plus, "Vernon, Dieu t'a donné le Don de chanter, ne l'oublie pas, ne l'oublie surtout pas" , d'un coup, un pan de la dentelle, énorme, bleue comme le ciel, voila son sourire et elle disparut. Vernon sortit de sa chambre comme un coup de vent, descendit les escaliers de ce motel miteux, prit sa vieille buick turquoise et se jeta sur l'autoroute direction Los Angeles, tout en hurlant à la nuit...
Vernon s'en sortit bien vivant. Un autre homme, transfiguré, qui entra dans "sa période la plus créatrice", d'où sortit "Little Black Woman", de la magie faite soul !

Little Black Woman :
Long Lonely Night :
Ces deux morceaux sont repris dans la compilation I Had a Dream chez Tramp Records, très conseillé par l'ami Phil !