The Dramatics - A Dramatic Experience
Posté : 18 sept. 2011 23:23
LE PORTRAIT SOUL DE DORIAN GRAY : PART II
The Dramatics - A Dramatic Experience (Volt VOS-6019, 1973)
Titres
A1 The Devil Is Dope 5:23
A2 You Could Become The Very Heart Of Me 2:43
A3 Now You Got Me Loving You 4:20
A4 Fell For You 3:23
B1 Jim, What's Wrong With Him? 4:47
B2 Hey You! Get Off My Mountain 3:29
B3 Beautiful People 3:45
B4 Beware Of The Man (With The Candy In His Hand) 2:57
Arrangements : John Allen, Paul Riser, Tony Hester
Production : Tony Hester
Résumé des épisodes précédents ( Acte 1 = "Whatcha See Is Whatcha Get" ou la Gloire.):
Le jeune Tony Hester signe un pacte avec le Diable et signe un chef d'oeuvre avec les Dramatics.
Acte II = "A Drama Experience" : la Chute (en 5 scènes)
Acte II - Scène 1 - "Y a un problème ..." affirma Don Davis, et néanmoins confiant.
"... Tony, you see, there have been some legal problems...". Il faut savoir que tout l'album était dédié aux problèmes de drogues de Tony et qu'il devait s'appeler "The Devil Is Dope", Don proposa alors à Tony de changer de nom en "A Dramatic Experience". Tony acquiesça, son sourire d'ange laissait présager pour Don une issue favorable à tous les changements qu'il comptait faire. Tony sortit de sa poche un morceau de papier qu'il déplia pour faire apparaitre un masque de Lucifer sorti des Enfers, l'image la plus hideuse, la plus repoussante qu'il nous ait été donné de voir.
"Voici la pochette : c'est çà ou rien, Don". Celui-ci ravala sa salive et céda.
De son coté Don sortit son mouchoir, épongea son front, et demanda à Tony de changer le texte de "Toast To The Fool", de l'adoucir plus exactement sinon il serait dans l'obligation de l'exclure de l'album "un si joli titre, ce serait dommage". Tony envoya en direction de Don un niet radical, il lui rétorqua que c'était impossible, c'était sa façon de faire, que tout partait de l'écriture des textes puis venait petit à petit la mélodie, les harmonies, et enfin les arrangements ... Changer un mot et c'était la fin de "Toast To The Fool". Devant ce refus, ce titre fut exclu de cet album (pour ré-apparaitre - par miracle - sur le suivant).
Acte II - Scène 2 - "J'ai un deuxième problème ..." concéda Don Davis, nerveux.
"... Wee Gee a soudain le melon, il veut partir...".
Un soir de défonce, Tony invita Wee Gee chez lui, et tout en sniffant chacun leur rail de coke, il lui expliqua son désir de le mettre en avant de la scène, lui promettant qu'il deviendrait le véritable leader du groupe "... avec la voix que tu possèdes .. Imagine toi sur l'affiche William Howard ou Wee Gee & the Dramatics ...". Wee Gee, tout d'abord, refusa poliment, puis ricana quand la ligne de coke s'infusa brutalement dans son organisme pour inscrire de façon indélébile la marque de cette affiche dans son cerveau. Et à partir de ce jour là, Wee Gee ne participa aux concerts des Dramatics que d'une manière sporadique, selon son humeur. Quand il apprit que sur "Hey You! Get Off My Mountain!" Ron B. en était le lead vocal, il partit, en claquant la porte du studio, définitivement. Il fut remplacé par un certain LJ Reynolds.
Acte II - Scène 3 - "J'ai un putain de troisième problème ..." s'écria Don Davis, furieux.
"... Ce trou du cul de Wee Gee veut garder le nom des Dramatics pour lui tout seul, et en plus il nous pique le vieux Elbert Wilkins"
Lors d'une séance de spiritisme, l'âme défunte de Tony offrit une autre version à cette histoire :
"c'est à cause du Spath d'Islande et son pouvoir de bilocation".
[Le Spath d'Islande est une calcite très pure qui permet à la lumière de se dédoubler, aux images de se dédoubler ce qui conduit à percevoir à partir d'une présence unique deux trajectoires qui bifurquent dans le temps, d'où le don d'ubiquité que l'on peut associer à ce phénomène]
Ce caillou fut apporté, en pleine nuit, par son dealer mexicain à un Tony en manque, agité et tremblant de tout son être, qui posa tout de suite la question de "comment ça se fume ce truc ...". Quelle ne fut pas sa déception quand le dealer bafouilla que Tony se trompait et que cette pierre possédait d'autres pouvoirs que de se trouer la tête. "Ok, ok, appelle moi Wee Gee , mec, je viens d'avoir une idée géniale ...".
C'est comme cela que l'on put voir au même moment, la même scène de "In The Rain" l'une à Las Vegas, l'autre à l'Apollo, dans un même brouillard de sons et de lumières. Seul un détective privé aurait pu remarquer quelques petites différences entre ces deux scènes identiques : dans le gris cendré du concert que bleuit le halo lumineux, le chanteur était dans un cas (Wee Gee Howard) grand et élancé alors que dans l'autre (L J Reynolds) petit et ramassé.
Acte II - Scène 4 - "Un dernier problème ..." soupira Don Davis, effondré.
"I think the album (A Dramatic Experience) was his cry for help...". Malgré cela Don décida de faire une croix sur le futur de Tony. Trop de drogues, trop d'absences : il devait reprendre les rênes et se mobiliser à 100% pour que les Dramatics ne subissent pas le même sort. Cependant Don aimait beaucoup Tony, comprenait sa folie mise jusque là au profit de sa création : "You have to understand, Tony was a wonderful, loving, sensitive person, who was not cut out to be a drug addict, and we all loved him".
Don laissa Tony offrir aux Dramatics de nouveaux morceaux jusqu'à sa mort. Dans les quelques lueurs de conscience qui illuminaient sa nuit, Tony arrivait encore à sculpter des pépites mises en orbite en dehors du cercle de son groupe fétiche, comme ici ou là.
Affalé, dans sa chambre de bonne, perchée sur un Gormenghast mythique, le lit défait et tourneboulé par les histoires passées, au milieu d'un paysage après la bataille jonché de canettes et de seringues, les gouttes de pluie flirtant sur son visage dans la pénombre d'un soir - les fenêtres grand ouvertes au monde - Tony voyageait dans le temps et dans l'espace...
Les images de "In The Rain" tournoyaient telles des vautours de plaisir, pleuvaient littéralement dans son psyché malade, se démultipliaient à l'infini et au même instant dans toutes les capitales de l'univers : un unique et sidérant "In The Rain" chanté en choeur par tous ces épigones qu'il avait su libérer grâce aux drogues et à ce petit bout de calcite.
Acte II - Scène 5 - "Laissez moi vous faire écouter ce chef d'oeuvre..." s'exclama Ron Davis, radieux.
"The Devil Is Dope" : le crépitement du bûcher des sorcières de la dope, le ricanement hirsute du diable, une des introductions les plus angoissantes connues de la Soul.
Tony fait très fort et continue très fort sur un rythme funky et lourd où il met en valeur toute la palette vocale du groupe, de la basse d'Elbert W. au falsetto de Ron B. en passant par la voix de Wee Gee qui râpe, déraille comme celle de David Ruffin afin d'exprimer ce que lutter contre la dope veut dire, au plus près des tripes. Le résultat de cette lutte, sans fin ?, ne sera divulgué qu'au terme de l'album semble suggérer ce final gorgé de cuivres rugissants et de cordes annonciatrices.
"You Could Become The Very Heart Of Me" : simple intermède rafraichissant et entraînant avant le plat de résistance.
"Now You Got Me Loving You" : mid tempo royal, les cordes se dévoilant au fur et à mesure, les guitares tranchantes, gardiennes du temple, avant que le falsetto de Ron B. se façonne en cri.
"Fell For You" : le piano Pleyel, noeud papillon, les cordes dans la fosse d'orchestre, les choeurs veloutés et la voix de LJ Reynolds qui butine la mélodie : summum d' Harmony Soul.
"Jim, What's Wrong With Him?" : la dope dope le rythme, funky en diable, les cuivres en fusion, les violons ronronnent derrière, et tout à coup l'explosion d'un refrain grandeur Chantilly qui te shoote littéralement et toi à la renverse, la descente difficile, dégringole sur un groove qui n'en finit pas.
"Hey You! Get My Mountain" : sur un fond Philly, duel formidable entre 2 voix, celle de Wee Gee, grave et tragique, et le falsetto de Ron, fragile et têtu, au final les violons libérant les amarres ...
"Beautiful People" : les harmonies s'harmonisent entre elles sous le regard les violons qui grondent, le falsetto de Ron sucre la mélodie prise dans un glacis de choeurs et de cordes ...
"Beware Of The Man ...": l'attente, la tension, l'orage n'est pas loin : le thème est mélodramatique, la voix proche du cri; l'addiction à la dope serait elle vaincue ?
Tony voulut finir sur une note positive tant "the album (A Dramatic Experience) was his cry for help...", lui qui savait qu'au jeu du vainqueur et du vaincu, il avait chopé dès le départ le rôle du vaincu ...
Note: 6 stars / 6
The Devil Is Dope :
You Could Become The Very Heart Of Me :
Now You Got Me Loving You :
Fell For You
Jim, What's Wrong With Him?
Hey You! Get Off My Mountain
Beautiful People
Beware Of The Man (With The Candy In His Hand) :
Beware Of The Man (With The Candy In His Hand) - Extrait Live
The Dramatics - A Dramatic Experience (Volt VOS-6019, 1973)
Titres
A1 The Devil Is Dope 5:23
A2 You Could Become The Very Heart Of Me 2:43
A3 Now You Got Me Loving You 4:20
A4 Fell For You 3:23
B1 Jim, What's Wrong With Him? 4:47
B2 Hey You! Get Off My Mountain 3:29
B3 Beautiful People 3:45
B4 Beware Of The Man (With The Candy In His Hand) 2:57
Arrangements : John Allen, Paul Riser, Tony Hester
Production : Tony Hester
Résumé des épisodes précédents ( Acte 1 = "Whatcha See Is Whatcha Get" ou la Gloire.):
Le jeune Tony Hester signe un pacte avec le Diable et signe un chef d'oeuvre avec les Dramatics.
Acte II = "A Drama Experience" : la Chute (en 5 scènes)
Acte II - Scène 1 - "Y a un problème ..." affirma Don Davis, et néanmoins confiant.
"... Tony, you see, there have been some legal problems...". Il faut savoir que tout l'album était dédié aux problèmes de drogues de Tony et qu'il devait s'appeler "The Devil Is Dope", Don proposa alors à Tony de changer de nom en "A Dramatic Experience". Tony acquiesça, son sourire d'ange laissait présager pour Don une issue favorable à tous les changements qu'il comptait faire. Tony sortit de sa poche un morceau de papier qu'il déplia pour faire apparaitre un masque de Lucifer sorti des Enfers, l'image la plus hideuse, la plus repoussante qu'il nous ait été donné de voir.
"Voici la pochette : c'est çà ou rien, Don". Celui-ci ravala sa salive et céda.
De son coté Don sortit son mouchoir, épongea son front, et demanda à Tony de changer le texte de "Toast To The Fool", de l'adoucir plus exactement sinon il serait dans l'obligation de l'exclure de l'album "un si joli titre, ce serait dommage". Tony envoya en direction de Don un niet radical, il lui rétorqua que c'était impossible, c'était sa façon de faire, que tout partait de l'écriture des textes puis venait petit à petit la mélodie, les harmonies, et enfin les arrangements ... Changer un mot et c'était la fin de "Toast To The Fool". Devant ce refus, ce titre fut exclu de cet album (pour ré-apparaitre - par miracle - sur le suivant).
Acte II - Scène 2 - "J'ai un deuxième problème ..." concéda Don Davis, nerveux.
"... Wee Gee a soudain le melon, il veut partir...".
Un soir de défonce, Tony invita Wee Gee chez lui, et tout en sniffant chacun leur rail de coke, il lui expliqua son désir de le mettre en avant de la scène, lui promettant qu'il deviendrait le véritable leader du groupe "... avec la voix que tu possèdes .. Imagine toi sur l'affiche William Howard ou Wee Gee & the Dramatics ...". Wee Gee, tout d'abord, refusa poliment, puis ricana quand la ligne de coke s'infusa brutalement dans son organisme pour inscrire de façon indélébile la marque de cette affiche dans son cerveau. Et à partir de ce jour là, Wee Gee ne participa aux concerts des Dramatics que d'une manière sporadique, selon son humeur. Quand il apprit que sur "Hey You! Get Off My Mountain!" Ron B. en était le lead vocal, il partit, en claquant la porte du studio, définitivement. Il fut remplacé par un certain LJ Reynolds.
Acte II - Scène 3 - "J'ai un putain de troisième problème ..." s'écria Don Davis, furieux.
"... Ce trou du cul de Wee Gee veut garder le nom des Dramatics pour lui tout seul, et en plus il nous pique le vieux Elbert Wilkins"
Lors d'une séance de spiritisme, l'âme défunte de Tony offrit une autre version à cette histoire :
"c'est à cause du Spath d'Islande et son pouvoir de bilocation".
[Le Spath d'Islande est une calcite très pure qui permet à la lumière de se dédoubler, aux images de se dédoubler ce qui conduit à percevoir à partir d'une présence unique deux trajectoires qui bifurquent dans le temps, d'où le don d'ubiquité que l'on peut associer à ce phénomène]
Ce caillou fut apporté, en pleine nuit, par son dealer mexicain à un Tony en manque, agité et tremblant de tout son être, qui posa tout de suite la question de "comment ça se fume ce truc ...". Quelle ne fut pas sa déception quand le dealer bafouilla que Tony se trompait et que cette pierre possédait d'autres pouvoirs que de se trouer la tête. "Ok, ok, appelle moi Wee Gee , mec, je viens d'avoir une idée géniale ...".
C'est comme cela que l'on put voir au même moment, la même scène de "In The Rain" l'une à Las Vegas, l'autre à l'Apollo, dans un même brouillard de sons et de lumières. Seul un détective privé aurait pu remarquer quelques petites différences entre ces deux scènes identiques : dans le gris cendré du concert que bleuit le halo lumineux, le chanteur était dans un cas (Wee Gee Howard) grand et élancé alors que dans l'autre (L J Reynolds) petit et ramassé.
Acte II - Scène 4 - "Un dernier problème ..." soupira Don Davis, effondré.
"I think the album (A Dramatic Experience) was his cry for help...". Malgré cela Don décida de faire une croix sur le futur de Tony. Trop de drogues, trop d'absences : il devait reprendre les rênes et se mobiliser à 100% pour que les Dramatics ne subissent pas le même sort. Cependant Don aimait beaucoup Tony, comprenait sa folie mise jusque là au profit de sa création : "You have to understand, Tony was a wonderful, loving, sensitive person, who was not cut out to be a drug addict, and we all loved him".
Don laissa Tony offrir aux Dramatics de nouveaux morceaux jusqu'à sa mort. Dans les quelques lueurs de conscience qui illuminaient sa nuit, Tony arrivait encore à sculpter des pépites mises en orbite en dehors du cercle de son groupe fétiche, comme ici ou là.
Affalé, dans sa chambre de bonne, perchée sur un Gormenghast mythique, le lit défait et tourneboulé par les histoires passées, au milieu d'un paysage après la bataille jonché de canettes et de seringues, les gouttes de pluie flirtant sur son visage dans la pénombre d'un soir - les fenêtres grand ouvertes au monde - Tony voyageait dans le temps et dans l'espace...
Les images de "In The Rain" tournoyaient telles des vautours de plaisir, pleuvaient littéralement dans son psyché malade, se démultipliaient à l'infini et au même instant dans toutes les capitales de l'univers : un unique et sidérant "In The Rain" chanté en choeur par tous ces épigones qu'il avait su libérer grâce aux drogues et à ce petit bout de calcite.
Acte II - Scène 5 - "Laissez moi vous faire écouter ce chef d'oeuvre..." s'exclama Ron Davis, radieux.
"The Devil Is Dope" : le crépitement du bûcher des sorcières de la dope, le ricanement hirsute du diable, une des introductions les plus angoissantes connues de la Soul.
Tony fait très fort et continue très fort sur un rythme funky et lourd où il met en valeur toute la palette vocale du groupe, de la basse d'Elbert W. au falsetto de Ron B. en passant par la voix de Wee Gee qui râpe, déraille comme celle de David Ruffin afin d'exprimer ce que lutter contre la dope veut dire, au plus près des tripes. Le résultat de cette lutte, sans fin ?, ne sera divulgué qu'au terme de l'album semble suggérer ce final gorgé de cuivres rugissants et de cordes annonciatrices.
"You Could Become The Very Heart Of Me" : simple intermède rafraichissant et entraînant avant le plat de résistance.
"Now You Got Me Loving You" : mid tempo royal, les cordes se dévoilant au fur et à mesure, les guitares tranchantes, gardiennes du temple, avant que le falsetto de Ron B. se façonne en cri.
"Fell For You" : le piano Pleyel, noeud papillon, les cordes dans la fosse d'orchestre, les choeurs veloutés et la voix de LJ Reynolds qui butine la mélodie : summum d' Harmony Soul.
"Jim, What's Wrong With Him?" : la dope dope le rythme, funky en diable, les cuivres en fusion, les violons ronronnent derrière, et tout à coup l'explosion d'un refrain grandeur Chantilly qui te shoote littéralement et toi à la renverse, la descente difficile, dégringole sur un groove qui n'en finit pas.
"Hey You! Get My Mountain" : sur un fond Philly, duel formidable entre 2 voix, celle de Wee Gee, grave et tragique, et le falsetto de Ron, fragile et têtu, au final les violons libérant les amarres ...
"Beautiful People" : les harmonies s'harmonisent entre elles sous le regard les violons qui grondent, le falsetto de Ron sucre la mélodie prise dans un glacis de choeurs et de cordes ...
"Beware Of The Man ...": l'attente, la tension, l'orage n'est pas loin : le thème est mélodramatique, la voix proche du cri; l'addiction à la dope serait elle vaincue ?
Tony voulut finir sur une note positive tant "the album (A Dramatic Experience) was his cry for help...", lui qui savait qu'au jeu du vainqueur et du vaincu, il avait chopé dès le départ le rôle du vaincu ...
Note: 6 stars / 6
The Devil Is Dope :
You Could Become The Very Heart Of Me :
Now You Got Me Loving You :
Fell For You
Jim, What's Wrong With Him?
Hey You! Get Off My Mountain
Beautiful People
Beware Of The Man (With The Candy In His Hand) :
Beware Of The Man (With The Candy In His Hand) - Extrait Live