funkiness a écrit :la gêne de voir associée - indirectement, par la présence de ce sujet ici - la musique black à la délinquance et aux gangs, un vieux stéréotype qui parfois m'agace. C'est juste mon point de vue. Ce n'est pas parce que le funk - ou le hip hop - a été et reste la musique préférée des voyous que c'est une musique de voyous. Vous et moi le savons mais tout le monde ne le sait pas et l'a déjà catalogué comme une musique de voyous, ou de mecs hyper violents.
De ce point de vue là je pense qu’il n’y a pas le quart d’un début de polémique. L’avantage de tous ces docs est justement de rappeler que le phénomène de gangs, ou plutôt des bandes, n’a pratiquement rien à voir avec le funk dans le cas français (parisien à proprement parler). Il est y montré clairement que l’essentiel de ces groupes est issu dans un premier tant du rock (rockabilly puis rock alternatif à partir des années 80 pour schématiser), dans un second du hip hop (pour schématiser encore).
Ce qui peut gêner, c’est qu’un tel sujet soit abordé, en tant que tel, ici. J’ai le point de vue de Foxy sur la question : tout ce qui est en rapport avec la culture urbaine, bon ou mauvais, à un rapport, même distendu, avec le thème central du forum. Ce n’est pas que « pour se faire plaisir ». Si on gomme tout ça on aura tôt fait de transformer le funk en un mouvement de revivalistes fortunés faisant leur courses sur ebay. Ce qu’il est en passe de devenir d’ailleurs. Ce n’est, personnellement, pas ma vision. J’estime que le funk, et ceux qui le défendent, doivent éviter tant que faire se peut la « jazzification », malgré tout le respect que j’ai pour cette musique et les gens qui l’apprécient. Sinon on finira par les remplacer aux Trois maillets et au Petit journal montparnasse. Bienvenue chez les morts-vivants…
Mais bien sur tout ça doit rester périphérique.
Pour le reste… J’entends bien qu’il y a sans doute une part d’exagération et d’embellissement dans les différents témoignages. Bref une tendance à « se faire mousser ». Maintenant, il ne faut pas non plus tomber dans l’excès inverse. A lire certains le phénomène skins nationalistes (et pour certains, national-socialiste) des années 80 est une vue de l’esprit. A ce train là on pourrait dire aussi qu’il n’y a jamais eu de motards le vendredi soir à la bastille, ou de cranes rasés au parc des princes… ça me semble un poil exagéré.
J’ai grandi au centre de Paris (11e), je n’ai jamais fait partie d’une « bande », ni cherché la bagarre, mais j’ai pas mal bourlingué, disons entre 86 et 96… et pour ma part, oui, j’ai vu à une époque des skins, en quantité non négligeable, à Bastille, Chatelet les Halles, à République, dans le 13e, au quartier latin, avec le triangle Assas-St. Michel – Jussieu. Aux puces de Clignancourt c’était plutôt dans mes souvenirs des rockers. Celles de Montreuil en revanche étaient plus épargnées.
Personne n’a jamais vu de bandes en haut de l’escalator rue Lescot ? A la fontaine des innocents ? Personne n’a jamais vu, ou au moins entendu parler, de descentes de fafs à Tolbiac ou à Jussieu ? Jamais vu de groupes de skins à République ou dans les couloirs de l’échangeur Chatelet les Halles ? Jamais vu de rockers aux Puces, personne ne se souvient d’un bouclard là-bas qui s’appelait l’Indien ? A bastille il n’y avait pas de rockers le vendredi (et pas que) ? Personne ne se rappelle les auto-tamponneuses à la place de l’ancienne gare ? Le bar à Fifi ça a bien existé ? Fin 80, début 90 quand vous passiez à la Défense vous n’avez jamais vu de BD ? A la chapelle ou Stalingrad c’était le désert des tartares, calme comme une maison de retraite de province ?
En effet ces documentaires peuvent donner l’impression, pour qui n’était pas là, que les rues de Paris donnaient lieu à une guérilla permanente, ce qui est faux. Bien sur il y a de l’exagération et un poil de moussage. Oui la plupart des intervenants sont des grandes gueules, etc.
Mais le Paris de l’époque n’avait pas grand-chose à voir avec celui de maintenant. Les skins ça a existé, et la chasse aux skins aussi, la preuve, on n’en voit presque plus, alors que les mentalités n’ont pas tant changé que ça, elles sont mêmes sans doute pire aujourd’hui (45% de nos compatriotes favorables au retour de la peine de mort, 65% qui trouvent qu’il y a trop d’étrangers, d’après un sondage récent,). Bien sur, tout ça ne se passait pas forcément aux heures de pointe où à celle du goûter. Encore une fois je ne fais pas la promotion de la violence, mais je respecte ceux qui ont eu le courage, parce qu’il en faut quoiqu’on en pense, d’affronter ça, et de participer tant que faire se peut au nettoyage. Lire que Warriors fait plus « vrai »… j’ai beau adorer ce film ça en reste un. Les 100 000 gars réunis dans le Bronx, ça, pour le coup, ça n’a jamais existé. Les chasseurs de skins, qu’on aime ou qu’on aime pas, ont donné et pris des coups en vrai.
J’ajouterai aussi, sans vouloir être polémique, qu’on n’a pas la même appréhension de ce type de phénomène quand on est basané ou quand on est blanc (pour ceux qui ne me connaissent pas, j’appartiens à la seconde catégorie). Parce que dans le premier cas on est une cible potentielle. Ce qui était d'ailleurs le cas des punks aussi à une époque.
Dernier truc, comme ITJG, Foxy et Bluesy, je vous invite à regarder en priorité le Gang Story, qui donne une vision plus clinique des choses et ne fait la promotion de rien. Mais qui décrit une évolution qui donne à réfléchir, dans la mesure où des jeunes désœuvrés, plus ou moins attirés par la violence, qui forment des bandes ou des groupes, je pense qu’il y en aura toujours. Je pense que les témoignages de ces anciens est important afin que leurs successeurs tirent leçon du passé et ne fassent pas n’importe quoi. Du moins c'est la "morale" que j'en retiens.
Le dvd Antifa est beaucoup moins balancé, mais pour moi reste globalement intéressant. Clair qu'il est fauché, mais j'imagine qu'il n'a pas été produit par TF1 video. Celui sur les BD est réservé aux complètistes et aux aficionados.
Chacun peut se faire et avoir son avis, dans l'absolu je trouve que l'ensemble n'est pas plus malsain que, et surtout contrebalance un peu, la vision habituelle et racoleuse du phénomène que nous servent depuis 30 ans les médias, à la sauce Envoyé Spécial, Enquête d'urgence, 24H machin chose, dont le seul et unique objectif est de terroriser le bon citoyen en lui vendant accessoirement de la lessive ou des barres chocolatées pendant les coupures pubs.