C'est ce que devait se dire le vieux Frank Guida, italo-américain de Norfolk, lorsqu'il les vit débarquer pour la première fois, déguenillés, au début des années soixante-dix non plus dans sa petite boutique de disques qu'il ouvrit vingt ans plus tôt sur Granby Street mais dans un bureau flambant neuf meublé entièrement de marbre venant de Sicile et dont les murs étaient tapissés de disques d'or car Frank était devenu entretemps l'homme clé de la scène de toute une région, le fier dépositaire du fameux Norfolk Sound.
- "C'est moi qui vais les produire, ils sont trop fragiles, vous pourriez, au moindre geste, les briser ! " dit le vieux Frank en mâchouillant son vieux cigare devant une assistance médusée par tant de délicatesse, lui, dont l''habit de tyran allait comme un gant.
Alors le vieux Frank accompagna The Movements dans son studio d'enregistrement dont il fit changer, au préalable, toutes les lumières vives et aveuglantes par des bougies qui, maintenant, éclairaient la pièce d'une lueur vacillante, autour de laquelle, quelques instants après, les voix séraphiques, en particulier le falsetto d'un autre monde, faisaient danser les ombres aux sons de quelques filets de violons et de légers accords mineurs d'un quatuor à vent !
Frank pleura pour la première fois et The Movements étaient heureux comme des anges !
Et vous ?
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