tu dis toi-même que les majors rentabilisent bien leurs catalogues en dépit du téléchargement (et tu sais bien que ce catalogue se trouve beaucoup plus facilement sur internet que les trucs obscurs), c'est donc peut-être que la promotion et le marketing sont tout aussi importants.
La parade des majors contre la crise du marché vidéo n'est pas liée à un marketing intensif, mais à une nouvelle invention "génialement commerciale" : le "MOD". C'est Warner qui a inventé ce concept qui fait un carton monstrueux et jamais auparavant la firme n'avait rentabilisé autant ses ventes de DVD.
Le MOD (Movie On Demand) pour les profanes c'est le fait de graver les films au lieu de les presser et de les vendre aux consommateurs le même prix qu'un DVD normal, sans faire de sous titres et sans tourner de bonus. Vous pouvez imaginer au final le gain engrangé par rapport à un DVD normal, d'autant que les majors peuvent désormais quasiment graver les titres sur commande en fonction de la demande, alors que le pressage nécessitait d'avoir du stock sur les bras, de par la contrainte des gros tirages : au moment de l'inventaire c'est donc tout bonus.
La collection Warner Archives ressemble au premier coup d'oeil à un DVD classique mais en y regardant de plus près, l'oeil expert s'aperçoit que sur la face inférieure c'est bien du DVD-R. En contrepartie Warner qui a un catalogue faramineux édite des centaines de films rares et obscures qui n'auraient jamais pu être pressé et qui seraient donc restés dans les cartons (des tas de blaxploitation entre autres). Les cinéphiles sont donc à la fête puisque l'offre semaine après semaines est devenu pléthorique et Warner rempli ses caisses, c'est donc une relation gagnant gagnant, malgré l'infériorité technique du produit (un DVD-R n'est pas viable dans le temps).
A la base le (ou la ?) MOD était normalement destiné à être de l'exclu' (vendu uniquement aux américains sur le site Warner), c'est à dire que les titres n'étaient pas conçus pour être distribués par les circuits traditionnels (boutiques, Amazon, etc.) mais fort de son succès, les Warner Archives sont devenus des produits très mainstream.
Aux USA toujours Sony et MGM ont emboité le pas avec plus de ratages et nettement moins de sérieux que Warner : produits défectueux et qualité des masters pas toujours au rendez-vous chez MGM.
Le MOD a ensuite débarqué en France avec une énorme collection Gaumont (du patrimoine 100% français avec de très bons titres) vendue directement sur leur site (et depuis peu chez Gibert), suivi d'une dizaine de titres Warner non vendeurs, la branche française de Warner ne semblant pas vouloir s'investir sérieusement à l'inverse de sa cousine américaine, et tout récemment Universal a sorti des titres vraiment sympa' et pour certains totalement inédits en vidéo.
A noter que les jaquettes sont assez hideuses comme souvent en MOD, car ce ne sont plus des objets de collection mais des produits de consommations courantes. Par contre à la différence des américains les DVD en MOD française, que ce soit chez Gaumont, Warner ou Universal, sont pressés (ce sont de vrais DVD) et vendus à tout petits prix (12€ en moyenne). Détail étrange, Universal ne fait aucune communication sur cette MOD, il faut aller sur leur site pour découvrir l'existence de ces titres, à se demander vraiment si ils souhaitent les vendre.
Pour les petits éditeurs de cinéma bis, les tirages sont faibles, le public est fidélisé et les titres se vendent plus sur la longueur, à l'inverse d'une sortie blockbuster, l'ultra-médiatisation n'est pas forcément souhaité. Ca peut paraître étrange mais certains éditeurs rechercheraient presque la confidentialité, c'est le cas de l'étonnant Code Red qui souhaite désormais se passer des distributeurs et vendre directement ses DVD à très faible tirage directement à son public.Tu dis que pour les éditeurs, un peu de promo ou de bouche à oreille dans les "médias concernés" (c'est-à-dire, si j'entends bien, les réseaux de diffusion confidentiels qui s'adressent aux spécialistes) est suffisant, je ne suis pas d'accord. Quand tu vois qu'un simple article de 20 lignes dans Télérama suffit à remplir un restaurant pendant plusieurs années... Une colonne dans la même revue, dans Le Monde, ou dans les pages culture de Libé suffirait amplement à écouler les 1000 ou 2000 exemplaires qui rentabiliseraient une réed dvd. Le problème, c'est comment avoir ses entrées dans ces médias-là, et je pense que les dés sont pipés dès le départ.
Chose encore plus incroyable, pour ses derniers titres en date, Code Red a créé une boutique de vente totalement secrète dont l'adresse ne se propage que par le bouche à oreille des fans, alors qu'il dispose pourtant d'un site internet et d'un blogspot, il ne souhaite pas lui-même communiquer l'adresse de cette boutique. Comme quoi tout est possible... Le type est un peu farfelu mais l'adresse confidentielle qui se trouve ici = http://codereddvd.bigcartel.com/ et qui distribue donc des DVD introuvables ailleurs fonctionne très bien : je l'ai testé par curiosité et j'ai reçu mon DVD double programme inédit et restauré en provenance des USA en seulement 5 jours.
Avec ces exemples, comme vous pouvez le voir le marché de la vidéo semble donc changer à grande vitesse et prendre des chemins de traverse assez curieux ces derniers temps, le consommateur devant s'adapter.