[Livre] George P. Pelecanos – King Suckerman

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devantf

[Livre] George P. Pelecanos – King Suckerman

Message par devantf »

[Livre] George P. Pelecanos – King Suckerman

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En surfant chez "vous" (Je n'arrive pas à me défaire de ce "chez vous") J'y ai trouvé quelques références à ce petit polar.

Plonger dans ce livre, fut davantage que de suivre une intrigue Polardienne à la facture assez classique si il n'y avait toutes ces digressions musicales.

Bien entendu l'auteur ne cherche pas à résister aux clichés: Funk & Soul pour les personnages noirs, du Hard Rock viril pour nos bikers, du Hard pour les blancs becs et le tit jeune qui écoute en cachette Genesis et Gong? Tit jeune, sa difficulté, ses efforts pour être accepté.

Cliché oui, mais tellement vécu.
J'ai ressenti la douleur de l'ado Jimmy ici.
"No Quarter" c'est Cool dit Jimmy, mais personne ne répondit.
Ces terribles silences qui vous rendent transparents alors que l'on veut tant plaire à ses potes.

Ne pas oublier le personnage central s'il s'agit de goût musicaux, Karras qui n'a pas de frontières de genre, plus ouvert et... Grec de nationalité, histoire de se maintenir dans le cliché assumé.

Parlons musiques: j'y ai fait mes propres découvertes: Les Hendrixien Mahogany Rush, les débuts très funk des Commodores.
Quelques titres fulgurants que je n'aurai pas aimé ignorer: "She Said Drive On, Driver" de Danny O'Keefe, celui des Creative Source et de William DeVaughn pour ces titres à rallonge qui restent toujours trop courts.

Fondre devant des chansons de Al Green que j'avais délaissées, sa reprise des Bee Gees "How Can You Mend A Broken Heart" et cette orgue si onctueuse.

Merci à Karras qui m'a réconcilié avec une partie de la carrière des J Geils Band, le "Back To Get Ya" est tellement meilleur en studio, vous jugerez par vous même.

Aussi l'intérêt d'isoler un titre de son contexte album, c'est aussi ça les compilations accompagnés de petites histoires. Le "Too Much Time" de Captain Beefheart prend une dimension 45t inattendue.

Typiquement le genre de livre qui me fait faire une playlist, en regrettant juste l'impossibilité de la connecter... à une liseuse pour enfin avoir une B.O. qui suivrait l'intrigue.

Je vous ai collé les extraits qui tournent autour des références citées par l'auteur. Parfois le texte est réellement un échange qui aurait sa place ici... Parfois c'est juste le fond sonore.

Le monsieur a bon goût, principalement quand il défend un titre, à sa façon de faire parler le personnage.

Bon avant de vous balancer les extraits, j'ajoute que si vous en avez un autre à me conseiller, n'hésitez point, surtout si la musique y trouve une place similaire. En attendant je me suis emprunté PIMP de Iceberg Slim, souvent cité dans le livre.
Et je commence la série TREME, séduisante, vraiment: Cette même faculté à ce que la musique omniprésente trouve une place naturelle et pas seulement à l'occasion de faire un break clip pendant l'intrigue. (Et puis, quand même, M. Costello et M. Toussaint dans leurs propres rôles).

Ha oui, au fait, il manque quand même, non pas le film du livre, mais le film dans le livre. Il n'y a plus qu'à imaginer la B.O. de KING SUCKERMAN.
Black Caesar qu'il connaissait par cœur, avec James Brown qui se la donnait à fond :
"Down And Out In New York City"

Clagget émit un petit soupir, tuer le gros, c'était pas comma il l'avait imaginé. Il se mit à fredonner les paroles de James Brown qui résonnaient dans toutes le voitures garées sur le parking :
"Look at me, you know what you see ? See a baaad mother"
"The Boss"

Occupé à coller des étiquettes sur les 33 tours tout en fredonnant les paroles de
"Back To The World" de Curtis Mayfield que diffusaient les enceintes KLM.
- Je ne vais pas te le dire cent fois, j'en ai marre de voir Hendrix dans le rayon Soul.
- J'imagine que t'as jamais écouté Band of Gypsys alors ? Reprit Rasheed.
- Si, je l'ai déjà écouté et alors ?
-Avec Buddy Miles à la batterie ? Jimi décolle, il joue complètement funk, c'est clair "Machine Gun" et tout ça. Et toi tu dis qu'il a pas sa place dans la section soul.

Parlant d'un concert :
- Et puis Bootsy avec le Rubber Band, qui a tiré comme un fou sur sa basse et puis qui s'est défoncé avec les Horny Horns. Fred Wesley et Maceo. Les frangins planaient sec ! En 3D.
- Ça va, on a compris.
- We gonna turn … this mus-tha...out.
"Give Up The Funk (Tear The Roof Off The Sucker)"

"A joyful Process" avait déjà démarré. Clay aimait bien celui-là : leurs paroles à base de BD, il pouvait s'en passer, mais question jeu, Clinton et les mecs de Funkadelic touchaient leurs billes, y avait rien à dire.

- Robin Trower, un digne héritier de Hendrix "Bridge Of Sighs".
Clay acquiesça, puis s'aperçut qu'il remuait la tête sur la voix rapeuse de Bill Lordan et la guitare blues de Trower, adossée à une ligne de basse bien épaisse. La colombienne lui causait, maintenant, et lui faisait apprécier des choses dans la musique que, sans ça...

..Et l'harmonica qui coulait derrière sa voix de ténor quand il entendit le hurlement de Eddie. "Oh, Girl" : un des plus beaux disques que les Chi-lites avaient jamais faits... absorbé par la beauté torturée de la chanson.

Partie de basket : Les chemises bleues quittèrent le terrain, l'un d'eux se dirigea vers le magnéto portable posé sur le bord du terrain, changea de cassette, mit GRATITUDE, monta le volume … en sautant il entendit Phillip Bailey qui entonnait "Reasons" de sa voix de ténor. Le ballon effleura à peine le filet, Karras le vit tournoyer dans le soleil qui lui caressait le visage, tandis que les cuivres d'EWF s'emballaient. A ce moment précis, Karras se dit que jamais il ne bosserait dans un bureau...

Chez Spags
- Elle est Belle, non ?
- Elle déménage, répéta Karras, parce que cela lui rappelait une chanson.
- "She's a Mover" des Big Star répondit Vivian.
Une nana sexy comme ça, branchée qui aimait la bonne musique, et elle traînait dans un entrepôt sombre avec un gros naze comme Eddie Spags ! Mais pourquoi ?

Chez Karras
- CLEAR SPOT j'aime bien.
On entendit les grognements de Don Van Vliet qui entonnait le premier couplet de "Too Much Time".
- Cap'tain Planet, fit Clay en roulant les yeux à l'intention de Karras.
- Quoi, tu vas pas me prendre la tête ? Tu sais bien que c'est super. Ç'aurait dû être le tube de l'année, si Reprise avait su s'y prendre.
Clay s'aperçut qu'il remuait le pied en cadence pour accompagner les trompettes à la Memphis sur fond de percus, la vision distordue du blues selon Van Vliet.
- Il fait un truc à la Stax-Volt, là.
- Ouais.
- Et on dirait qu'il a pris quelques frangines pour faire les chœurs aussi.
- Les Blackberries.
- D'accord, Dimitri, Captain Planet, c'est cool.

Cooper glissa une cassette de Buddy Miles dans l'auto-radio, monta le son. Sur la banquette arrière, Russel se mit à chanter :
Rockin' and Rollin' on the streets of Hollywood
Ronald le rejoignit pour la deuxième phrase du refrain.
Rockin' and Rollin', don't know if I could

Au magasin :
- Écoute moi ça, patron.
Il monta le volume de la chaîne. Une guitare énervée retentit dans les enceintes KLM.
- C'est qui ? Demanda Clay.
- Un groupe qui s'appelle El Chicano et qui vient L.A. Sur le label Shadybrook. Ce guitariste Black, il a un peu le même son que Los, tu ne trouves pas ?
- C'est vrai qu'il fait un peu penser à Santana, je te l'accorde.

"Cubano Chant"

- Ce qui confirme ce que je dis toujours. Y a que des noirs qui peuvent donner un feeling pareil à leur guitare.
- Peut-être bien, mais tu sais, le meilleur guitariste que j'ai jamais entendu, il est blanc. John McLaughlin, mon pote. J'étais au troisième rang quand il a joué... Il avait sa douze cordes, et je te jure mec, qu'on aurait dit que Dieu lui même avait les doigts sur les barres. Et tu sais, j'ai vu presque tous les grands. B.B. Et Muddy et tous les musiciens de blues. J'ai vu Hendrix à l'Ambassador, aussi. Mais personne, pas même Jimi, n'a jamais joué comme Johnny ce soir-là.
- C'est la couleur de la peau, Marcus, c'est ça qui donne le feeling à l'instrument. Prends le blues...
- J'entends bien Rasheed, et je suis d'accord. Mais je te raconte juste ce que j'ai vu, de mes yeux vu. Mon expérience, tu piges ?
"Noonward Race"

BTO "Not Fragile"
- Pourquoi tu nous lâche pas un peu avec cette connerie ? Demanda Jimmy.
- Hé, Cure-dent, qu'est ce que tu veux écouter ? Gong ? Kraftwerk ? Une saloperie dans le genre ?
- N'importe quoi, répondit Jimmy.
- Qu'est ce que tu dis de Ritchie Blackmore ?
- Laisse ça, dit-il. C'est bon.

Le refrain de la chanson revint. Dewey et Jerry rapprochèrent leurs têtes, se mirent à beugler : "Not Fragile" Johnny sentit qu'il avait un de ces sourires impossibles à effacer. Il était raide et avec ses potes. Pas mal, en fait, la cassette de BTO.

...Petites mais correctes les enceintes accrochées au plafond des chiottes. Rattachées au juke-box qui diffusait maintenant la version longue de "For The Love Of Money" des O'Jays avec sa ligne de basse classique, insistante. (Sauf que dans la compil c'est probablement la courte)
...Ils chopèrent le truc. Leurs corps se mirent à onduler en cadence sur Floyd Lawson, "Theme from SWAT" qui sortait de la petite baffle placée au-dessus de leurs têtes.

Chez Spags
"Streets Of San Francisco"

Chez Tate
… Plaça le petit bras sur le disque qu'il laissait en permanence sur la platine. WINTER IN AMERICA de Gil Scot-Heron "Your Daddy Loves You" une des plus belles chansons que Clarence avait entendues de sa vie, démarra, d'abord le vibraphone puis la voix riche et profonde de Gil. Tate se mit à chanter pour l'accompagner.

Marius Clay traversa Adams Morgan dans sa Riviera 1972 à l'arrière rectangulaire. Il mit dans l'appareil une cassette maison qu'il avait intitulé "Superjam Première Partie" "Who Is He (And What Is He To You)?" de Creative Source se mit à pulser dans la voiture. Le groupe jouait une de ces longues intro instrumentales qui s'insinuent, comme celle que les Temps avaient mise dans au point dans "Papa Was A Rolling Stone", le même style de facture dense, complexe.
D'après Marcus, Creative Source était sûrement une création de studio, même si il ne faisait pas long feu, c'était un de ces morceaux, comme "Be Thankful For What You Got" de William DeVaughn qui justifiait toute une carrière. Cette chanson était tout simplement géniale.

Sur la chaîne du salon,, à bas volume, on entendait les accents d'un Jazz planétaire, l'hommage de Miles Davis à Jack Johnson. Elaine adorait Miles "Right Off"

Cooper chantait en même temps que le radio-réveil : "Are You man Enough", Cooper savait bien que les Four Tops avaient fait leur temps. Mais ce morceau dépotait et Levi Stubbs, on pouvait toujours compter sur lui pour assurer.

Cooper introduisit une cassette d'Edwin Birdsong dans l'appareil, un truc qui s'appelait "What's Your Sign", et il le mit assez fort pour que ça vienne à l'idée de personne d'ouvrir le bec.

Charlie pris sa cannette de Natty Bo posée sur la table devant lui et se dirigea vers la chaîne où les albums étaient rangés de face dans une cagette de pêches. Charlie fit défiler du doigt deux albums des Dead, un New Rider of the Purple Sage et un disque rayé des Stones., sur un label de Londres, qui n'avait plus de pochette. Il s'arrêta sur un double, vers l'arrière de la cagette.
- Steppenwolf Live ça vous va ?
- Vas y dit Larry.

Charlie mit la face quatre, sa préférée, qui démarrait par "Hey Lawdy Mama".

La stéréo était montée à fond, et le chanteur alla chercher les premières paroles de la chanson, quelque part, très loin au fond de sa gorge "You know I've smoked a lot of grass
Oh Lord, I've popped a lot of pills" (Steppenwolf "The Pusher")

Elle suivait la conversation tout en reprenant les paroles de "You Sexy Thing" des Hot Chocolate que la radio diffusait à plein volume. A Jefferson la radio était toujours branchée sur WOL, sauf après le déjeuner quand Lula, la serveuse comptoir et salle, avait droit à son heure Gospel. Karras venait y prendre son petit déjeuner et sa dose quotidienne de funk Top 50.

Cheek était dans un coin et discutait avec un habitué qui s'appelait Mills, un fou de P-Funk coiffé d'une sérieuse afro qui tenait son propre exemplaire de "Standing On The Verge Of Getting It On" sous le bras.
Mills soutenait qu'il possédait Osmium de Parliament sur le label Invictus dans sa collection personnelle.
Check ne l'avait jamais vu toutefois, et avait demandé à Mills à plusieurs reprises de lui en apporter la preuve au magasin. Puis Check et Mills passèrent à autre chose et se disputèrent à propos de la signification d'un certain passage de Maggot Brain.
(Funkadelic "Red Hot Mama..."
Funkadelic Osmium et le titre "Red Hot Mama"
Funkadelic Maggot Brain "Maggot Brain" )

- Putain, ils l'ont mis fort, ce truc de Larry Graham.
- Ain't no Bout-a-Doubt it.
- T'es d'accord avec moi ?
- Je te dis que c'est le nom de l'album.
- Je me fous de son nom, ce disque c'est trop fort.
- C'est un magasin de disques ici, Marcus.
- Tu vas m'apprendre à gérer mon affaire, maintenant ?
(Larry Graham "The Jam")

L'herbe faisait son effet, Winter chantait "No Time To Live", de Winwood & Capaldi, sa voix éraillée de junkie se détachait sur ses splendides accords de guitare blues.

Jerry se gondola de rire. La radio se mit à diffuser un tube des Tavares et Dewey monta le volume à fond. "It Only Takes A Minute"
- "It only takes a minute, girl to fall in love..." faisait le refrain.
- "It only takes a minute, girl, to get a nut" Chantèrent Dewey et Jerry, ils éclatèrent de rire et se tapèrent dans les mains.

La Miida crachait bien. Il y a quelques minutes encore, Jimmy écoutait Brain Salad Surgery et maintenant il était passé à la radio et écoutait The Lamb Lies Down, qui passait sur WGTB dans son intégralité. C'est GTB qui passait les trucs les plus avant-garde. Souvent, Jimmy écoutait la radio allongé dans son lit, quand il planait sur du bon THC qu'il avait découvert des groupes, des trucs de barges comme Gong, dont l'album YOU était son préféré du moment.

Après avoir fumé un joint, Jimmy et la fille étaient allés dans sa chambre pour "écouter un peu de musique" et Jimmy avait allumé la lumière noire. Balancé son seul disque de Barry White "Honey Please, Can't Ya See" et il était passé à l'action.

- … Il m'a dit qu'ils avaient mis des messages sur le 33 tours. Tu sais, à l'endroit lisse entre la fin du dernier morceau et l'étiquette ?
- Et alors ?
- Et alors, c'est vrai, y'a un truc gravé à la main qui dit "Fais ce que dois".
- Ça fait vieux, suggéra Jimmy.
- Je ta parie que c'est Page qui l'a mit lui même.
- C'est comme la pochette de "House Of The Holy"… qui tient une des petites filles et qu'il s'apprête à la sacrifier..
- Pas avant d'en avoir enfilé un paquet comme elles sur sa bite, probablement, dit Dewey, en brochette.
- C'est clair, dit Jerry.
- "No Quarter" c'est cool dit Jimmy, mais personne ne répondit.

Dewey se mit à fouiller dansa sa boite à cassette tandis que Jerry sortait une petite fiole couleur ambre de sa poche.

Putain où est ma cassette de Uriah Heep.

( Led Zep "That's The Way" "No Quarter")
( Uriah Heep "Easy Livin'" )

Jimmy, qui inspira une grosse bouffée de nitrate d'amyle.
- C'est vachement Hendrix, comme truc.
- N'importe quoi, dit Dewey, qui monta le volume sur "Child Of Novelty".
- Je te jure mec, dit Jerry en haussant la voix par dessus la musique, Frank Marino a eu un accident de voiture, mon pote. Il n'avait jamais chanté ni joué de la guitare, ni rien avant. Mais après l'accident, il est sorti du coma et il s'est mis à jouer, comme ça. On dit que l'esprit de Hendrix est rentré dans son corps...
(Mahogany Rush "Child Of The Novelty")


Karras cala la fréquence de sa radio sur 102.3, trouva sa station, WHFS. Le DJ se faisait un délire Road-Movie :
Little Feat "Willin" ; Elvin Bishop "Travelin' Shoes" ; Danny O'keefe "She said"
La station passait des artistes déchirés comme Little Feat ou Springsteen.

"Then Came The Last Days Of May" de Blue Oyster Cult … Les lignes familières et fluides de la guitare de Buck Dharma remplirent la voiture. Même si elle était terriblement triste, Karras aimait beaucoup cette chanson : Une histoire d'amis, d'argent et de trafic de drogue qui tourne mal.

Clarence resta un moment dans sa Monte Carlo noire après avoir coupé le moteur, pour écouter les Stylistics chanter le dernier couplet de "Betcha By Golly, Wow" La voix aigüe de Russel Thompkins et les harmonies du choeur lui donnaient des frissons, comme si c'était Dieu lui même qui chantait.

Il entendit Steely Dan "Any Major Dude Will Tell You" sortir d'une pièce séparée du reste de la section stéréo par des portes en verres coulissantes.

Faut écouter ça dans les 901, dit Fisher en indiquant d'un mouvement de tête un baffle Bose relativement petit, placé sur un piédestal. La musique démarra, Karras reconnu l'intro de "(Don't Worry) If There's A Hell Below, We're All Going To Go" de Curtis Mayfield, le morceau où Curtis crie "Nègres...Blancs... Juifs.." sur fond de guitare acide, de bongos et d'effets de réverb, juste avant que la vraie rythmique s'installe.

De retour dans la boutique, Karras entendit que le Royaume du Son diffusait un autre morceau de Steely Dan "Rikki Don't Lose That Number"

Partie de Basket dans le quartier de Chevy Chase.
Quelqu'un avait apporté un magnéto portable qui diffusait "Gimme my Mule" des Commodores à fond la caisse, avec plus d'aigus que de graves. Un ado qui portait un pantalon et une casquette de peintre faisait le robot près de l'appareil sous le regard de quelques copains.

Il glissa "Coney Island baby", le disque de Lou qu'il préférait. Et traversa Rock Creek Park sous un ciel rempli d'étoiles.

...Tandis que Clay et Karras parcouraient la collection de disques. Ils optèrent pour Al Green "Call Me", qui donna un bon départ à la soirée. Elaine et Marcus posèrent leurs verres et commencèrent à danser. Karras et Vivian les rejoignirent au centre de la pièce. Ils remuèrent les hanches sur la chanson titre de l'album, puis suivit un slow sur la reprise des Bee Gees par Green "How Can You Mend A Broken Heart"

… On alluma un autre joint qui fit le tour de l'assemblée. Karras tira à fond dessus et fit signe à Clay de s'approcher. Clay comprit ce qu'il voulait.
- Nan, Dimitri, je suis trop raide.
- "Too High" ? Stevie Wonder.
- Je te dis, mec, pas de soufflette.
…...
- J'ai "Bloodshot" si tu veux.
- Hum.
- Quoi , tu veux dire que Little Jerome te fait pas kiffer ?
- Oh, vas-y.
- J'ai même le vinyle rouge, déclara Karras.

Il fit tomber le saphir sur le troisième morceau "Back To Get Ya" Karras dansa tout seul sur le début de la chanson, monta le volume au moment du solo d'Harmonica.

- Pourquoi tu mets pas un truc plus lent ?
- Qu'est ce que tu veux.
- T'as "Brown Eyed Girl" ?
- Ouais, j'ai Van.
- Je te parle pas de Van, je te parle du vrai "Brown Eyed Girl", the Isleys mec !

Ils dansèrent sur la magnifique chanson, la voix de ténor mélancolique de Ronald Isley enveloppait toute la pièce.

Ailleurs... Derrière elle, un gosse avait installé un magnéto et un chapeau retourné sur le trottoir. Il robotait comme un fou sur J Brown "The Payback"

- Ouaouh ! Fit Cooper.
- C'était trop classe, Wilton.
- Trop classe, dit Cooper.
- Bobby Roy Clagget se mit à hurler : Putain, mais on est en train de foutre le feu à c'te ville !
(Eric B. & Rakim "Move The Crowd (The Wild Bunch Remix)")

C'était dur d'entendre Jimmy du siège avant : Dewey avait mis BTO 2 plutôt fort.
(Bachman Turner Overdrive "Let It Ride")


Sur le billet, ils disent "un invité spécial" en première partie. Je parie que c'est Edgar Winter.
Ça serait trop cool, dit Jimmy, même si ça lui faisait bizarre, maintenant, d'écouter Edgar Winter.

Il avait vomi vraiment grave, une fois, sur "Frankenstein", après avoir fumé plein d'herbe avec Jerry et bu une bouteille de Strawberry Hill.

- Tu crois que Rick Derringer est pédé ? Demanda Dewey.
- Hein ? Fit Jerry ?
- Regarde la pochette de "All American Boy", le mec est maquillé et tout.


- Qu'est ce que tu cherches ?
- Chi-Lites "(For God's Sake) Give More Power To The People"
- Tu veux dire que tu l'as pas !!
- J'ai usé le mien jusqu'à la corde.

Vers Brookland, Clay mit une cassette qui commençait par "Little Child Runnin' Wild" son morceau préféré de Curtis Mayfield.


- Wilton ?
- Ouais ?
- Ça fait mal, dit Clagget d'une petite voix enfantine.
- Ah ouais ? Dit Cooper. Parce que tu croyais que ça faisait du bien ?



Clay alluma le pétard. Ils le fumèrent jusqu'au bout sans parler en écoutant "Are You Experienced" de Hendrix qui sortait à fond les ballons d'une Gremlin garée derrière eux.
Clay sourit.
Sans doute un frangin qui venait de rentrer. Les frangins, là-bas, ils étaient fous de Jimi. D'entendre cette musique, ça le fit penser à Rasheed : Il continua à sourire, l'image de Rasheed devant les yeux.

- Marcus ?
- Quoi ?
- Comment tu peux sourire comme ça un soir pareil ?
- Je pensais au jeune Rasheed, je le revoyais, c'est tout. Avec son énergie...
("Purple haze")


Billy Goodrich rigola et démarra en trombe. Stefanos mit "Sally Can't Dance" dans l'autoradio Pioneer. Les enceintes Superthruster balancèrent la guitare défoncée de "Kill Your Sons"


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Wonder B

Various - King Suckerman Soundtrack (G Pelecanos)

Message par Wonder B »

Bravo devantf!!! Tu as drôlement épluché le bouquin.
Je l'adore celui-là mais je reconnais, sans vouloir dénigrer le truc, que çà parle forcément plus à un type comme moi qui a vécu ces années 70 qu'à quelqu'un d né plus tard...
En effet le mélange des genres musicaux est difficile à appréhender aujourd'hui où tout est hyper séparé, défini, catégorisé, rangé...
A la radio c'était le melting pot permanent quand tu arrivais à capter autre chose que les radios périphériques, car pour les djeunz, il faut savoir qu'avant 1981 il n'y avait QUE les grandes ondes et rien d'autre que la dictature des variétés...
En ce qui me concerne mis à part les trucs de rock progressif auquel j'avais beaucoup de mal à accrocher, même si un de mes meilleurs potes n'écoutait que çà de Genesis (1ère époque, pas avec Phil Collins) et tout ce qui s'en suivait, je connais et j'ai presque tous les trucs dont il parle de Robin Trower (il était énorme à l'époque), à BTO en passant par Uriah Heep sans oublier mes deux fétiches BÖC et Jimi évidemment...
Tout çà mélangé au choix absolument impeccable des titres Soul, te fait replonger sans aucun effort dans cette période bénie...
Merci pour la piqûre de rappel car j'ai lu ce bouquin il y a quelques années déjà. Faudra que je le ressorte!
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devantf

Various - King Suckerman Soundtrack (G Pelecanos)

Message par devantf »

Mais alors, Karras? C'était toi?
:lol:
J'adore dépiauter, et l'occasion est rare.
Le seul défaut de cette relecture, c'est de se rendre compte à quel point le moteur principal du roman était le fil de violence qui tend toute l'histoire jusqu'à sa fin tragique pour certains.
Je remarque que les moments de fureur ne sont accompagnés par aucune musique. Soit par pudeur soit par une difficulté de vraisemblance.
Je pense qu'il a mal exploité le couple infernal, il aurait ensuite juste fallu chercher la musique qu'il faut: Ce genre New-New-yorkais de funk free froid (fff)
Mais cela fut un chouette moment de lecture
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Doc Emett Brown

Various - King Suckerman Soundtrack (G Pelecanos)

Message par Doc Emett Brown »

Excellent bouquin. Je n'ai pas lu les autres de Pelecanos ; on m'a souvent dit que celui-là était le meilleur alors ça ne m'a pas vraiment encouragé...

Le passage qui m'a marqué est le moment où le jeune Rasheed tient absolument à ranger Hendrix dans le rayon soul. Je l'avais lu je ne sais plus trop où, en extrait dans un magazine ou quelque chose comme ça, et je ne sais pas pour quelle raison ça m'avait marqué ; je me remémorais souvent cette lecture sans savoir d'où c'était tiré... et puis je lis "King Suckerman" et je tombe sur ce fameux passage et je gueule à tout le monde "c'est mon passage, c'est mon passage, je l'ai retrouvé !!". Bon tout le monde s'en fout mais je gueule quand même, hein, normal.

C'est quand même fou le pouvoir que peuvent avoir certains écrits...
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devantf

Various - King Suckerman Soundtrack (G Pelecanos)

Message par devantf »

:lol: :lol: Oui, je te crois volontiers. D'ailleurs l'auteur nous lance deux fois ce clin d'oeil. Histoire de pousser le lecteur à se pencher sur le titre.
Et puis tiens, je retente encore une fois.
Parce que je t'avoue que l'anecdote est convaincante mais pas le titre "Machine Gun".
Tu sais je me demande si ce n'est pas du à la dose de rock&roll/blues que l'on retrouve parfois chez les Funkadelic.
Et si tu restes sur ce son et que tu décides que c'est encore du funk, alors forcément.
Maintenant si ça me permet de revenir ici faire l'article sur Rory Galagher, moi je veux bien dire que c'est du funk :twisted:
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Doc Emett Brown

Various - King Suckerman Soundtrack (G Pelecanos)

Message par Doc Emett Brown »

Hé hé... Je ne suis pas sûr que ce soit vraiment du funk à vrai dire. En fait je ne sais pas ce qui m'a touché dans ce passage car je ne suis pas forcément d'accord avec Rasheed. Le titre le plus funk de l'album "Band Of Gypsies" doit être "Who Knows".

C'est bizarre ce besoin de vouloir rattacher absolument Hendrix à un style de musique catalogué "noir" parce qu'il est noir. Le rock était déjà considéré comme blanc fin 60/début 70 alors il "faut" que Hendrix soit funk... A vrai dire on s'en fout que ce soit du funk ou pas.
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devantf

Various - King Suckerman Soundtrack (G Pelecanos)

Message par devantf »

Doc Emett Brown a écrit :... A vrai dire on s'en fout que ce soit du funk ou pas.
Ça alimente les discuss entre potes et au moins, même si ça chauffe, on ne se fâche pas.
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Doc Emett Brown

Various - King Suckerman Soundtrack (G Pelecanos)

Message par Doc Emett Brown »

Oui je suis bien d'accord avec toi, c'est toujours sympa de discuter, même si l'on s'emporte parfois un peu ;)

En tout cas ta sélection fait un superbe soundtrack.
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devantf

Various - King Suckerman Soundtrack (G Pelecanos)

Message par devantf »

Je dois rester modeste, c'est la sélection du livre.
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Wonder B

Various - King Suckerman Soundtrack (G Pelecanos)

Message par Wonder B »

Doc Emett Brown a écrit :A vrai dire on s'en fout que ce soit du funk ou pas.
Exactement! Pour moi Hendrix c'est rock même s'il y a un peu de funk vers la fin. Pour moi çà apparaît dans Rainbow Bridge avec un titre comme "Dolly Dagger"... Et un peu dans son dernier LP 'Cry Of Love'. Après bien sûr si on écoute 'Crash Landing', il y a "With The Power" qui est vraiment funky...

Mais bon pour moi Jimi est tout simplement à part, tous genres confondus.
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Jean

George P. Pelecanos - King Suckerman

Message par Jean »

Salut Devantf,

Pelecanos c'est sympa, mais pour moi c'est un peu comme l'Acid Jazz. C'est bien fait, et "ça sonne comme", c'est truffé de clin d’œils, mais il manque un petit quelque chose.

Pimp en revanche, c'est le genre de bouquin qu'on oublie pas. Tu nous diras ce que tu en as pensé. Ca me donne envie de le relire d'ailleurs.

Un autre perle de la collection Soul Fiction aux éditions de l'Olivier, c'est un autre bouquin semi-autobiographique : Bienvenue en enfer (The Farm) de Clarence Cooper Jr. Ca raconte le séjour d'un trafiquant de drogue, lui-même camé, dans une prison du Kentucky. L'écriture est déroutante au premier abord : suites de mots attachés (comme "grangeauxchattes", la section de la prison réservée aux détenues féminines), sauts à la ligne intempestifs, etc. mais on entre dans l'histoire comme on entre dans celle de Pimp. A cette différence prêt qu'alors que celui-là cherche une sorte de rédemption dans l'écriture, celui-ci est si enragé qu'il ne concède rien à personne, pas même à lui-même. D'ailleurs on le retrouvera mort camé dans un YMCA pourri de New-York en 1978.

http://www.lexpress.fr/culture/livre/bi ... 00470.html
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Doc Emett Brown

George P. Pelecanos - King Suckerman

Message par Doc Emett Brown »

Merci pour les conseils Jean. Je vais me pencher sur ces deux bouquins.
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FoxyBronx
Site Admin

George P. Pelecanos - King Suckerman

Message par FoxyBronx »

Pelecanos c'est sympa, mais pour moi c'est un peu comme l'Acid Jazz. C'est bien fait, et "ça sonne comme", c'est truffé de clin d’œils, mais il manque un petit quelque chose.
Même avis en pire: un assemblage de références ne fait pas la patte d'un bon écrivain, il surfe sur la branchitude d'un genre culture mais je ne trouve pas son style littéraire très bon. Préférez les auteurs d'époque : en Tête Chester Himes, Donal Goines et Iceberg Slim. ;)
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kata

George P. Pelecanos - King Suckerman

Message par kata »

Envoyer Ed Cerceuil et Fossoyeur, c' est pas très fair-play ça.
Pour un funkologue junior en culotte courte,il est bien funky ce bouquin.
Et si vous avez des titres qui réunissent funk et écriture, je suis preneur.
En attendant le Pimp, il me tente bien.
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FoxyBronx
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George P. Pelecanos - King Suckerman

Message par FoxyBronx »

Envoyer Ed Cerceuil et Fossoyeur, c' est pas très fair-play ça.
"Ne Nous Enervons Pas !" :mrgreen: (1966) - Gallimard, collection Quarto, 2007
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