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George P. Pelecanos - King Suckerman

Posté : 26 juil. 2013 07:36
par devantf
Bonjour à tous
Pelecanos, je partage avec vous les éléments qui vous font réagir, mais je suis moins sévère, ne serait ce que pour avoir apprécié dans cette lecture la partie sonore et visuelle. Ce qui n'est déjà pas si mal. Un scénario de film plutôt au dessus de la moyenne quand on se penche sur les intrigues qui se déroulent dans ces milieux.

J'ai réservé le Cooper. Heureusement que j'ai une idée du contexte, nous pourrions croire à l'histoire d'un citadin tombé dans l'enfer de la campagne (Lever tôt pour la traite des vaches.. etc...)

Chester Himes, mon approche est double, j'ai adoré le roman "S'il Braille..." mais les Ed Cercueil et Fossoyeur Jones, eux, je n'ai pas réussi à entrer dedans. Mais je me sens isolé, il me faudra bien m'y remettre.
Mais après le Pelecanos, le Slim puis le Cooper. Je vais devoir trouver à respirer ailleurs.
Heidi à la montagne?

George P. Pelecanos - King Suckerman

Posté : 26 juil. 2013 23:24
par Revpop
En lisant ces échanges depuis le début (mille bravos à Devantf), je m'aperçois que malgré le fait que je porte les livres et plus particulièrement la littérature au pinacle, j'ai peu lu d'écrivains noirs et quasiment jamais d'écrivains transposant le funk en figure de style.

Et pourtant la réalité est tout autre, les grands écrivains noirs pullulent par exemple dans les petites iles des Antilles, et là je ne peux résister à vous faire partager la prose fabuleuse et unique de Frankétienne écrivain Haitien :
"Elle dégoulottait de scandaleuses onomatopées, débobinait les interminables déblosailles quotidiennes, défilaunait toute la poésie de l'univers et les treize grands mystères de la vie dans une absolue totalité synchronique, passé présent futur confondus..."
"Parlumier nuride chidillant la vadilure du québard, l'ilburie d'un asiboutou lordiné de quirame et d'alguibar"
Tout d'un coup ça me fait penser à du Mandrill ... ;)

George P. Pelecanos - King Suckerman

Posté : 26 juil. 2013 23:29
par funkiness
Moi ça me fait penser à du charabia :lol:
Je sais, je suis vieux jeu :old: ;)

George P. Pelecanos - King Suckerman

Posté : 27 juil. 2013 04:16
par Wonder B
LOL D'accord avec funkiness! Si tu lis et que tu ne comprends pas 4 mots sur 5 il y a problème...

Moi je suis fan à vie de Chester Himes...

George P. Pelecanos - King Suckerman

Posté : 27 juil. 2013 08:16
par Phil
Wonder B a écrit :
Moi je suis fan à vie de Chester Himes...
Oui moi aussi ! ;)

Mais Pelecanos c'est très bien aussi. Il faut lire la trilogie, avec l'évolution des personnages et des lieux au cours des ans.

Cooper je me rappelle (?) avoir lu "La Scène", qui était parue en Série Noire mais ne m'avait pas emballé plus que ça. Si mes souvenirs sont bons c'était une histoire glauque remplie de junkies... :?

Je vais peut-être tenter Iceberg Slim mais j'hésite, le personnage du maquereau étant pour moi bien plus détestable que celui du junkie. :cool:

George P. Pelecanos - King Suckerman

Posté : 27 juil. 2013 13:04
par devantf
@Phil je te confirme la détestation bien mérité. Je ne suis pas encore tout à fait à la fin. J'ai lu des passages à ma femme tellement j'étais surpris des jugements sur les filles, l'image "moderne" violente et inhumaine du proxénétisme - traite de bétail - n'est pas moderne, je la retrouve dans son histoire qui se déroule avant la guerre de 40.
On est loin de l'image "Julot casse-croûte". Et à le lire, je constate qu'ils ont aussi tout l'héritage des junkies aux drogues genre Coke, celles qui te font devenir un Dieu... à tes yeux.
Je n'oublie pas qu'il a écrit ce livre après coup en faisant jouer ses souvenirs et probablement en noircissant son âme et celles des autres... N'empêche Brrrr glacial le iceberg.

Sinon, je re tente la série "Ed Cercueil et Fossoyeur Jones" les congés approchent, je trouverai bien le moyen d'alterner avec d'autres genres.

George P. Pelecanos - King Suckerman

Posté : 27 juil. 2013 14:51
par Phil
Merci pour les infos Devantf, c'est bien ce que je craignais...Depuis que j'ai lu l'autobiographie de Sam Moore (de Sam & Dave) je pense être vacciné contre ce genre de "livre". :?

Tu as lu la trilogie de Pelecanos ? Ce sont les mêmes personnages mais la B.O. change, évidemment.

"Pelecanos y suit les vies de plusieurs dizaines d'habitants de Washington, traçant les contours du visage changeant de la capitale américaine à cette époque. King Suckerman se déroule en 1970 et est souvent vu par les fans comme le meilleur livre de George Pelecanos. Il y installe le basket-ball comme thème récurrent de ses romans, le sport apparaissant souvent chez lui comme le terrain d'une coopération possible entre les races. Il montre aussi l'envers de ce possible : le terrain de basket est aussi le lieu des conflits non résolus... Dans ce cas, les comportements violents et criminels opposent les participants dans des micro-intrigues qui innervent le récit. The Sweet Forever (Suave comme l'éternité, 1980) et Shame the Devil (Funky Guns, 1990)"

George P. Pelecanos - King Suckerman

Posté : 27 juil. 2013 17:31
par devantf
J'hésite, mais peut-être pour la bande son? Et si c'est pour les années 70 et leurs musiques que certains pensent qu'il a écrit son meilleur?
A suivre
Merci

George P. Pelecanos - King Suckerman

Posté : 27 juil. 2013 18:00
par Wonder B
devantf a écrit :Sinon, je re tente la série "Ed Cercueil et Fossoyeur Jones" les congés approchent, je trouverai bien le moyen d'alterner avec d'autres genres.
Tu sais que même avec la meilleure volonté et le plus grand talent il est quasiment impossible de traduire les dialogues des noirs américains, et même si j'aime beaucoup la trad française des Chester Himes, le lire dans son texte original est un pur cadeau...

George P. Pelecanos - King Suckerman

Posté : 27 juil. 2013 18:51
par kata
Revpop a écrit : "Elle dégoulottait de scandaleuses onomatopées, débobinait les interminables déblosailles quotidiennes, défilaunait toute la poésie de l'univers et les treize grands mystères de la vie dans une absolue totalité synchronique, passé présent futur confondus..."
"Parlumier nuride chidillant la vadilure du québard, l'ilburie d'un asiboutou lordiné de quirame et d'alguibar"
Tout d'un coup ça me fait penser à du Mandrill ... ;)
On a encore paumé Revpop :lol:

George P. Pelecanos - King Suckerman

Posté : 27 juil. 2013 20:15
par devantf
Revpop a écrit : "Parlumier nuride chidillant la vadilure du québard, l'ilburie d'un asiboutou lordiné de quirame et d'alguibar"
J'ai lâché ici ... mais quelle musique!!

George P. Pelecanos - King Suckerman

Posté : 27 juil. 2013 23:29
par Revpop
funkiness a écrit :Moi ça me fait penser à du charabia :lol:
Je sais, funkiness, j'ai fait juste un peu de provoc avec ces extraits, mais Franketienne ne doit pas être pris à la légère, on ne peut le résumer avec un trait de plume, j'appelle donc à la barre de la défense le journal "Jeune Afrique" :
"Frankétienne est un monument de la littérature haïtienne. Romancier, poète, dramaturge, comédien, chanteur et peintre, l’homme domine du haut de ses 74 ans la scène culturelle de son pays, qu’il n’a jamais abandonnée, alors que la plupart des écrivains haïtiens se sont exilés, fuyant la dictature duvaliériste, la misère, le chaos"
J'ai entendu parler la première fois de Franketienne grâce à Bernard Loupias en 1998, critique littéraire et grand féru de jazz, dans le n° 1722 du Nouvel Observateur page 42-43. Le titre de l'article ""Franketienne le flamboyant" m'avait tout de suite marqué au fer. J'adore les flamboyants ... en littérature mais aussi en musique ...
Regardez bien ce visage, c'est un visage d'illuminé, pas de charlatan. C'est le Rabelais des Antilles et non pas un intello postmoderne aux lunettes cerclées qui nous chie un pseudo style qui fera jaser les bourgeoises salonnardes...
Non c'est un écrivain nobélisable (ce serait bien pour Haiti) mais, c'est évident, très difficile d'approche. Malgré les éloges de Bernard Loupias, malgré le fait de l'avoir tenu dans mes mains maintes fois (à la Fnac) je n'ai pas su me décider d'acheter son opus magnum "L’Oiseau schizophone" de près de 800 pages chez Jean Michel Place où se mêlent typos bizarres, dessins, journal et poèmes en tout genre.
Mais depuis quinze ans, cet écrivain me hante, et il y a pas si longtemps j'ai refait une recherche sur le net en écoutant les albums de Mandrill conseillés par Bluesy....
Qui y a t il donc de commun entre Mandrill et Franketienne ?

Image

George P. Pelecanos - King Suckerman

Posté : 28 juil. 2013 11:41
par Doc Emett Brown
Revpop a écrit :j'appelle donc à la barre de la défense le journal "Jeune Afrique"
Moui... Je connais deux-trois personnes qui bossent là-bas : ce journal est-il vraiment digne de confiance ?

George P. Pelecanos - King Suckerman

Posté : 28 juil. 2013 18:33
par devantf
Iceberg Slim / Pimp
Voilà, je viens de le finir.
Bien.
Je suis influencé par la préface qui m'a communiqué le doute sur le vécu par une seule personne de tous les événements décrits.
Bon si je résume: Écriture descriptive. La traduction française me laisse un peu froid. Les scènes de prison laissent des traces.
Je retiens donc l'idée que la violence, l'horreur du proxénétisme datent donc des années 40... je pensais avant que c'était une version de la crapulerie moderne.
La rédemption? Oui, et pas envahissante, pas moralisatrice, un bon point pour l'auteur.

Bon, faut que me trouve un roman pour m'aérer la tête. Heureusement "Bienvenue en Enfer" n'est pas encore arrivé à la médiathèque.

Merci aux bons conseilleurs

George P. Pelecanos - King Suckerman

Posté : 28 juil. 2013 21:36
par Revpop
Un moyen de t'aérer la tête est, paradoxalement, de t'enfoncer dans l'univers du plus effroyable des polars que j'ai pu lire, de la plus belle descente aux enfers dans laquelle le détective Henry Tyler court après la "Reine des putes" dans les bas fonds de San Francisco, ville pleine de putréfactions où les égouts évoquent les portes de l'enfer : "La Famille Royale" de William T. Vollmann.
L'amour fou entre un minable détective et Africa cette "Majesté" des prostituées ...
C'est vrai que c'est pas un vrai polar, avec Vollmann on est aussi dans la tragédie antique transposée dans les nuits glauques du polar !

« Elle fixait le visage de Fraise et se rapprochait de plus en plus en se tortillant jusqu’à ce que Chocolat fronce le nez parce que Béatrice sentait mauvais ; mais Fraise, voyant qu’elle avait un public, se sentit suffisamment heureuse et fière pour redorer son récit d’un vernis mythique au point d’y croire elle-même, et parce que Chocolat n’écoutait pas et que Domino était allée vendre sa chatte, personne ne pouvait souiller son récit qui émergea alors tout humide et neuf de son cocon de faits et de probabilités, avant d’embellir et de finir par s’élancer dans les airs comme un papillon de lune […] »

Rien de tel qu'un papillon de lune pour s'élever et s'aérer la tête que l'on devine lourde et pesante ... ;)