Samuel Jonathan Johnson - My Music

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Revpop

Samuel Jonathan Johnson - My Music

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UN JEUNE HOMME AMBITIEUX ET LES METAMORPHOSES DE LA SOUL

Samuel Jonathan Johnson ‎– My Music (Columbia – JC 35323, 1978)

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Titres

A1 My Music 5:42
A2 What The World Needs Now Is Love 4:27
A3 Sweet Love 2:34
A4 Because I Love You 4:09
A5 It Ain't Easy 3:52

B1 You 4:11
B2 Just Us 2:58
B3 Yesterdays And Tomorrow 4:24
B4 Thank You Mother Dear 2:58
B5 Reason For The Reason 3:01

Crédits

Samuel Jonathan Johnson : Chant principal, Piano Electrique, Orgue, Synthétiseur
Patricia Johnson Wiggins : Chant
Cynthia White, Jynean Bell, Sharon Johnson : Chœurs
Larry Ball : Basse
Morris Jennings : Batterie
Danny Leake, Ross Traut : Guitare
Paul Libman, Samuel Jonathan Johnson : Piano
Samuel Jonathan Johnson, Terry Fryer : Synthétiseur [Poly-moog]
Brian Grice : Percussions
Arthur Hoyle, Robert Lewis, Corinne Wirth, Eugene Vinyard, John Avant, Steele Seals : Cuivres
Elliott Golub, Everett Mirsky, Fred Spector, Joseph Golan, Roger Moulton : Cordes

Compositeurs : B. Bacharach - H. David (A2), P. Wiggins (B1), Samuel Jonathan Johnson (A1, A3 à B5)
Arrangements [Rythmiques] : Richard Evans, Samuel Jonathan Johnson
Arrangements [Cordes, Cuivres, Vocaux], Orchestration : Richard Evans

Producteur : Aki Aleong


Genèse.

C'est un homme dont l'ambition fut d'être un génie tout simplement. N'ayant pas eu la reconnaissance de ses pairs, il effaça tout de son passé et mit son fameux génie au fond d'un mouchoir sale qui s'égara finalement dans son grenier à souvenirs.
Quel observateur eut la chance de voir briller cette météorite ?
Dans quel désert de sable chut elle sans bruit ?
Au détour d'une brève de Dusty Groove nous pûmes lire ces mots "70s mellow soul genius Samuel Jonathan Johnson" et tout commença...

Samuel J.J. eut une enfance baignée entièrement par la musique, imprégnée d'une lumière spirituelle qui lui avait été inculquée par papa maman. A l'âge de 14 ans il fut un jeune organiste dans une petite église sise à Des Moines, Iowa - lieu béni des dieux - où il consacra beaucoup plus de temps et de passion à s'exercer sur les touches blanches et noires de son clavier, dans la pénombre glacée de l'autel, que de participer aux jeux polissons de l'enfance dans les champs jaunes et immenses inondés de maïs et de soleil qui, régulièrement, étaient dévastés soit par une invasion de sauterelles soit par des tornades déclenchées par un dieu en colère; scènes de cauchemar dans lesquelles il se retrouvait toujours tout seul, tête baissée fixant son piano, nul toit pour s'abriter, au centre des vastes dévastations qui s'étendaient à l'horizon pour se réveiller à chaque fois en transes et en pleurs, le cri muet ...

Il suivit le déménagement de ses parents vers la Mégapole New York. Et tout d'un coup, son univers s'épanouit : il passa des sombres églises à la lumière brillante et factice des bars et des boîtes de nuit, il apprit là qu'il existait un avenir musical au delà des chants gospels qui lui ouvrait des perspectives insondables faites d'accords jazz enfumés aux lumières bleutées et de rythmes groove hauts en couleurs et vertigineux comme des chutes d'anges...

Il fit une première rencontre décisive avec Charles Stepney juste avant sa mort - causée par une crise cardiaque -, qui lui dit ceci :
-"Regarde moi, Sam, t'es pourri gâté de talents, y'a aucun doute la dessus, par contre ta voix c'est pas encore ça... il faudra apprendre à l'apprivoiser... p'tit".
Là dessus, Charles S., l'éternel jovial, éclata de rire et lui expliqua, plus avec les mains et avec le sourire qu'avec les mots, qu'il lui faisait penser à un chanteur brésilien Ivan Lins qui concevait, lui aussi - et surtout à ses débuts-, sa musique comme des cathédrales gothiques mais sa voix, toute en vocalises maniéristes, toute en excès précieux, percutant sous les voutes pour ricocher vers la nef, se diffusait finalement à travers le chœur dans une bouillie sonore très éloignée de l'effet désiré. Charles S., l'éternel boulimique, étant trop occupé avec les EWF qui lui vampirisaient tout son temps, l'invita à rencontrer son ami Richard Evans :
-"Va voir Richard de ma part, p'tit, c'est le meilleur avec Jerry P. pour tes putains d' arrangements de cordes, t'as déjà entendu les Soulful Strings ? T'aimes ?"

Comme la vie est toujours pleine d'imprévue et de hasard, Samuel J.J. fit connaissance d'un homme dans un bouge mal famé - un repère d'excentriques jazzeux d'obédience free - nommé John H. Hammond qui se trouvait là pour fêter sa future retraite en écoutant de la bonne musique tout en flirtant avec des belles et jeunes filles légères et qui se révéla être d'une part l'un des Boss de la Columbia, celui qui avait découvert en autres Aretha Franklin sans parler de Billie Holiday dans les années trente, et d'autre part très intéressé par son jeu de piano et son regard tout feu tout flamme. Ce qui conduisit John H. Hammond à reculer quelque peu l'âge de sa retraite et à prendre sous son aile Samuel J.J sur qui reposait tous ses ultimes espoirs : cela devait être son dernier feu d'artifice !
Un (futur) génie se devait de signer avec le plus grand producteur et découvreur de talents que possédait l'Amérique.
En 1978, sur Columbia Records, arrangé par Richard Evans, avec comme "executive producer" John H. Hammond, Samuel J.J. sortit son premier et dernier album au titre sibyllin proche de l'hyperbole : "My Music". Il n'y avait rien à rajouter pour le génie qu'il était.

C'est la petite histoire d'un grand pianiste qui tomba amoureux de sa choriste...

John H. Hammond organisa pour son poulain un concert privé où Samuel J. J. accompagné d'un grand orchestre jouait dans le manoir de la famille Vandervilt sise dans un vaste parc côtoyé par des rivières et des conifères centenaires.
Sur le devant de la scène trônait un immense piano à queue Steinway laqué blanc qui éclaira de son aura le reste du grand orchestre où figuraient tout de noir vêtu le bassiste Richard E. et Mlle Patricia l'une des choristes à la chevelure brune coiffée époque Art Déco.
C'était tout John H. Hammond : pour ce spectacle il avait réussi à réunir un public bizarrement bigarré composé à la fois de vieilles rombières, la plupart en robes longues noires pailletées, échancrées au niveau du dos, et de jeunes blancs-becs hirsutes, de véritables sosies de Bob Dylan et de Bruce Springsteen, avec leurs chemises à carreaux, qui passaient leur temps à fumer de l'herbe dans le parc ombragé.

"My Music" fit tout de suite peur aux vieilles qui allèrent se réfugier, en caquetant, derrière les colonnes ou près des buffets au-dessus desquels s'amoncelaient de grasses victuailles.
Des synthés glougloutants, des réverbs de guitares cristallines, des basses slappantes et rebondissantes sur des nappes d'orgue Hammond et Samuel J.J. posa sa voix sur cette texture marécageuse à coup de "lalalaa","shapapapalla" et "do ré mi fa sol la si do" communiant avec les choristes surtout avec la brune au regard perçant et qui dodelinait légèrement sa tête dans un mouvement lascif tout en susurrant "Music, music". Sur le break, les violons apparurent, tranchants et virevoltants, avant qu'une symphonie de glouglous synthétiques ait envahi totalement la scène, la laissant telle une Atlantide engloutie... Les lumières s'éteignirent. La peur s'insinua.

"Someday my Prince will come"... prièrent les vieilles rombières, et un Bacharach ("What The World Needs Now Is Love") immense comme les étoiles apparut par magie. Cordes royales, cuivres et piano majestueux, constituant le parfait écrin à cette déclaration d'amour que Samuel J.J. offrit, toute gorge déployée, à sa choriste préférée. Les vieilles arrêtèrent de se goinfrer, prises dans ce maelström de sentiments où le chant de Samuel J.J., se finissant en un cri, soutenu par des cordes éruptives, inonda, comme une fontaine d'eau, les cœurs des convives au bord de l'apoplexie.

Tout d'un coup, la lumière éclaboussa tout sur son passage et "Sweet Love" démarra en trombe sur un rythme disco venu des enfers. De la disco très classieuse. Au dessus des slaps de basse, le piano Rhodes fit des étincelles, une dentelle de notes translucides, une voix picorant la mélodie, un poudroiement de petites touches comme un tableau pointilliste à la Seurat dans lequel la choriste, en jupe vichy, ballerines blanches et nattes au vent, se trémoussait... Ce qui eut pour conséquence directe de rameuter la bande de jeunes hirsutes déjà passablement stoned et éméchés qui poursuivait les vieilles rombières affolées de leurs appétences avinées.

De nouveau les lumières s'éteignirent pour laisser la place à un très long prélude de cordes profondes, "Because I Love You", le long d'une plage d'automne comme une ouverture de film hollywoodien romantique, où s'échappa une voix a capella à la Stevie W. toute en nuance, en promesse retenue, chuchotant des "I love you" destinés à la même choriste habillée, cette fois ci, de noir, d'une ombrelle et d'un voile en dentelle.

Les deux tourtereaux communièrent sur les morceaux suivants. Ce fut d'abord le tour de la choriste, ornée d'un chignon choucroute et vêtue d'une robe fourreau fendue, de flirter sur 'It Ain't Easy" en chantonnant une flopée de friandises sucrées à destination de Samuel J.J. et du public : une divine caresse vocale .
La tension monta encore d'un cran sur "You", morceau disco royal : les basses vrombissantes, les guitares toutes flèches dehors, les cuivres chauffant comme un Moloch en rut, et notre petite choriste, dans un pantalon en skaï rouge et soutien gorge rose, papillonnait et pendant qu'elle jetait ses petits cris de souris les jeunes hirsutes se lancèrent tous ensemble dans une danse bestiale et effrénée plus proche des danses Sioux que de Travolta. Samuel J.J était aux anges, son public répondait présent et sa choriste lui renvoyait son image.

Alors tel le torero devant son taureau il voulut achever le flirt en deux coups d'épée.
Il prit sur "Just Us" la plus belle voix de Barry White sur une guirlande de triangles et un piano floral à laquelle répondit un choeur ouvrant ses pétales au milieu duquel se dressait notre ange choriste drapée à la grecque et qui termina le morceau par un "Just us" orgasmique.
Puis il sortit le grand jeu sur "Yesterdays & Tomorrow" avec un prélude pour Grand Piano à Queue au thème Rachmaninovien; quelques violons craintifs s'invitèrent et la voix monta crescendo sur des trompettes
bouchées et des cordes sortant de leur lit comme des rivières. La choriste devint statue aux traits fins et au visage à la courbe sensuelle, les yeux rivés vers son prince. La salle ne bougeait plus.

Jusqu'au moment de "Thank You Mother Dear", un up tempo Northern soul; il laissa alors le piano, et invita à danser sa choriste transie, fit quelques pas de valse en la faisant tournoyer sur elle-même, et à chaque fois que la bouche aux lèvres carmins arrivait à hauteur de ses yeux avides, cette bouche lui susurrait les mots les plus doux tout en laissant sa chevelure ondulée comme une grappe de raisin grenat.
Ils finirent par constituer un duo sur scène pendant "Reason For The Reason", boogie aux guitares tranchantes, yeux dans les yeux, la choriste retrouvant sa coiffure Art Déco et son sourire provenant d'une étude de femme de Fernand Khnopff, le décolleté dévoilant un sein généreux en forme de poire. Lui, le cerveau cramoisi, les sens en ébullition, elle, face au public plus que clairsemé, prit de l'assurance et fit monter sa voix qui traversa la salle et atteignit le cœur du vieux producteur au même moment qu'un clin d’œil soutenu.

Fin du concert.
John H Hammond s'approcha de Samuel J.J. en tendant les bras et :
-"Tu vois, Sam, j'adore les génies, j'en fais même mon beurre d'ailleurs; mais je fais aussi tourner la marmite chez Columbia, oui c'est moi qui donne à manger, du plus petit au plus grand, et même à ma future secrétaire par exemple. Et là, tu vois ..."
John H. Hammond se retourna d'un coup sec et pointa du doigt la salle vide exceptée une vieille rombière toute pliée à réparer son talon aiguille et deux jeunes hirsutes affalés reposant en paix sur les dalles fraiches;
-"...hum... c'est vrai y faut savoir positiver; cette choriste est, ma foi, très jolie, la jeune fille sur la pochette : c'est elle n'est ce pas ?"
John H. Hammond n'eut aucune réponse : Samuel J.J. avait disparu comme par enchantement.
Laissant le producteur seul avec Mlle Patricia, sa future secrétaire.


Note : 5 stars / 6


Peu d'extraits. Malheureusement.

My Music :



What The World Needs Now Is Love :


Sweet Love :


You :



Just Us :



Yesterdays And Tomorrow :


Des extraits de tous les morceaux :
Modifié en dernier par Revpop le 28 oct. 2011 22:08, modifié 3 fois.


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bluesy

Samuel Jonathan Johnson - My Music

Message par bluesy »

Chronique superbe RevPop !!!!
J'ai ensuite écouté les liens. Le titre qui m'a plaquée d'émotions est "Yesterdays And Tomorrow" : c'est d'un SUBLIME et en plus MAGIQUE, MEMORABLE !!!!!!!!!!!!! :drunk: Un titre à repasser en boucle car traumatisme mélodique et coeur frémissant par la beauté de la perle.
"Music Makes You Move" : Funkhouse Express (1974) so... "HIT THAT ONE!" : JB
"They Call Us Wild But We Got Soul" : Wild Magnolias (1975)
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charlie's angels

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Message par charlie's angels »

Excellente Chronique Revpop... Qui donne envie d'être lue jusqu'au bout... Et quand la mélodie vient faire chanter les mots... Tu planes...

On en redemande...
nino

Samuel Jonathan Johnson - My Music

Message par nino »

Excellent Revpop, as usual...

Il y a un edit, excellent par ailleurs signé Volcov de "Sweet Love" sorti il y a quelques mois :



:)
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Revpop

Samuel Jonathan Johnson - My Music

Message par Revpop »

Merci les amis,
J'ai essayé de trouver d'autres extraits depuis hier et bingo je suis tombé sur le morceau de Bacharach "What The World Needs Now Is Love" qui pour moi est l'une des plus belles interprétations d'une chanson du compositeur. Même Funkiness va tomber à la renverse : c'est dire ... :yeahhh:

What The World Needs Now Is Love
nino

Samuel Jonathan Johnson - My Music

Message par nino »

Aïe. Bim.

:shock: :love1:

Fantastique. Somptueux.

Bluesy au rapport vite :mrgreen:
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Revpop

Samuel Jonathan Johnson - My Music

Message par Revpop »

Nino, si tu fais du rabattage n'oublies pas d'alerter notre Apôtre Jean : le spécialiste de BACHARACH ! :afro: :D
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bluesy

Samuel Jonathan Johnson - My Music

Message par bluesy »

nino a écrit :Bluesy au rapport vite :mrgreen:
J'y cours ! :D

C'est physique chez moi : cela me fait frémir le coeur, les larmes aux yeux et cette sensation de beauté infinie de la vie, de sa grandeur éternelle. C'est comme recevoir intérieurement une bouffée de bonheur que l'on voudrait retenir à jamais et ressentir envers un être. C'est à pleurer d'émerveillement. :ouin:
"Music Makes You Move" : Funkhouse Express (1974) so... "HIT THAT ONE!" : JB
"They Call Us Wild But We Got Soul" : Wild Magnolias (1975)
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funkiness
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Samuel Jonathan Johnson - My Music

Message par funkiness »

C'est du grand art ce topic, textes et musique ! funk-o-logy fait fort aujourd'hui :cool:

"My Music" découvert sur Want List Vol. 2. il y a quelques années mais je n'avais pas pisté le génie.

"What The World Needs Now" est en effet à tomber...
funkiness brings you funk and happiness
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Jean

Samuel Jonathan Johnson - My Music

Message par Jean »

Je cherche cet album depuis un bail mais on le croise vraiment rarement, ou alors en mauvais état :(

Super reprise de Bacharach en effet :D
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Revpop

Samuel Jonathan Johnson - My Music

Message par Revpop »

Jean, continues tu ta série (historique) sur Bacharach ? On est tous derrière toi... :P
nino

Samuel Jonathan Johnson - My Music

Message par nino »

Checke tes MP please :mrgreen:
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Wonder B

Samuel Jonathan Johnson - My Music

Message par Wonder B »

Un peu de patience ou de bol Jean et çà devrait tomber dans ton escarcelle. Je l'ai gaulé scellé pas cher il y a quelques mois pour remplacer ma copie VG+.
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Jean

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Message par Jean »

Tu me montreras ta copie VG+ à l'occase pour voir alors ;)
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Wonder B

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Message par Wonder B »

:? Echangé hélas...
Sworn to fun
Loyal to none
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