Phil a écrit :
D'abord le livre s'appelle "Great Black Music", et n'est donc pas uniquement axé funk.
Non mais Phil j'ai bien compris, je l'ai même précisé une ou deux fois (que j'en avais bien pris note).
Le funk 80 c'est n'est pas de la "black music"? Et si on pense musiques noires au sens large (car comme le remarque à juste titre Mys35, l'expression "great black music" ne se rattache qu'à la musique afro américaine)... pas un mot sur le Brésil, pire, pas un disque latino! Ce n'est pas que j'en sois spécialement fan, mais productions US mises à part (funk soul jazz pour faire vite), la principale forme d'expression musicale noire, c'est quand même le latino. Pas qu'à Cuba : aux Antilles, à New York évidemment, en Afrique (50 % au moins de la production, et encore je minimise, parce qu'en dehors de l'afro-beat, la très large majorité des styles sont des dérivés plus ou moins directs de rumba). Il est vrai que l'Afrique est sur-représentée avec un album de Fela, point barre.
Encore une fois l'auteur est probablement sincère, mais pour moi, prétendre à un livre sur les musiques noires en général, et se contenter, en dehors des USA, de quelques disques de reggae (sur représenté ici), ça tient tout simplement de la supercherie.
Mazolenni, que j'aime bien par ailleurs, mais qui balance les poncifs habituels dans sa présentation, le sait bien : il a publié un ouvrage de référence, et vraiment excellent, sur les musiques africaines....
Encore deux choses : sur la référence obligatoire à la souffrance et à la révolte, et pour dire les choses plus rapidement qu'hier : je suis intimement convaincu qu'il existe une esthétique noire qui n'est pas réductible à l'esclavage et ses conséquences. Pour moi c'est aussi ça le sens de "Black is beautiful", où alors je n'ai rien compris. Évidemment c'est un point essentiel, parce sans l'esclavage il n'y aurait peut-être pas eu de jazz, de funk, de reggae, de samba, de rumba... mais tout ramener à ça pour moi c'est juste un cliché (involontairement) raciste. Et dans le même genre, "Black Music", pour un ouvrage en français, c'est comme "black" dans le langage courant, ça m'insupporte. Noir ce n'est pas mot péjoratif. On ne dit pas "white" pour parler des blancs. Adapter son vocabulaire au faciès d'autrui, c'est le début des préjugés. Pour le coup je dédouane totalement l'auteur, il y a fort à parier que s'il avait voulu les choses autrement, on lui aurait de toutes façons imposé ce choix éditorial (comme les éditeurs ont sans doute choisi le florilège des revues de presse). On est là en plein dans le politiquement correct, celui qui imprègne insidieusement les esprits, le plus dangereux par ce qu'il véhicule de condescendance banalisée. Le Noir n'est donc qu'une victime de l'Histoire, qui ne peut être désigné qu'à renfort de circonlocutions.