Wonder B a écrit :Il faut aussi savoir si on achète des disques pour faire un acte militant ou pour avoir de la musique à écouter. Je ne dis pas dans l'absolu que ce n'est pas sympa de discuter en achetant sa galette mais d'un autre coté faut avoir du temps, pouvoir se déplacer dans Paname quand on en a envie etc. C'est déjà un sport réservé aux Parigots!
On peut aussi acheter des disques pour avoir de la musique à écouter et aller à la rencontre des gens, ou faire un acte militant, je ne vois pas en quoi c'est incompatible, et comme il est possible de faire les deux à la fois tant mieux. Et puis bon... de la musique à écouter tu charries un peu, tu en as probablement à écouter jusqu'à la fin de tes jours et même pour une seconde vie (et je suis aussi probablement dans le même cas)
L'histoire de parigot ou pas, c'est hors sujet. Je ne parle pas pour moi j'en suis un et je ne me plains pas, mais une forte proportion des chineurs « parisiens » n'habite pas à Paris. Déjà plusieurs du forum, Thunderflash, Funkitch, Christian. Christian habite à Palaiseau, ça fait une sacrée trotte pour aller aux puces ou place Clichy, pas beaucoup plus que chantilly d’autant qu’il prend les transports en commun. C'est une question de volonté et de motivation c'est tout. Et il y a bien plus motivé que moi...
Les funktion c'est super, mais c'est 4-5 fois dans l'année. Moi j'ai besoin, régulièrement, de parler musique en face à face avec des gens, plusieurs fois par semaine si possible. Des fois je ne ramène rien, ce n’est pas grave, j’ai discuté de musique avec d’autres amateurs et ça c’est déjà un plaisir.
L’argument de la province ne tient pas plus pour moi. En province il y a moins de spots et moins de disques mais aussi moins de chineurs spécialisés, ceci compense cela. Phil tu habites vers Bordeaux ? La dernières fois que j’y suis passé (il y a environ deux ans), je me suis gavé ! Il y a plusieurs excellents disquaires là-bas, et encore je n’ai pas eu le temps de faire les dépôts. Chez un d’entre eux, le gars m’a dit, ici tu ne trouveras rien, il y a trop de connaisseurs, tout est ramassé. J’ai fait ouais ouais, j’ai retourné sa boutique et suis reparti avec une bonne dizaine de disques, donc l’album de Tony Sherman à 10 euros. Je mets au défi quiconque de le trouver sur le net à ce prix là.
Mes plus belles prises, je les ai faites de loin en province : des lots d’illustrations sonores, du funk en press us à des prix tellement dérisoires qu’ils en étaient comiques, du Moussa Doumbia (album à plus de 500 euros) à 3 euros… Il faudrait des pages pour tout lister. Il m’est arrivé de trouver des albums de Nancy Holloway, ou d’Eddy Louis à proprement parler pour une bouchée de pain au remballage vers 18h, ici c’est tout simplement impossible.
Cet été encore à Marseille, un des deux jorge Ben qui me manquait en boutique pour une somme modique, alors qu’à Marseille il n’y a pratiquement plus un bouclard. Je ne parle pas des vides greniers de petit bleds, des fois j’en serai presque à déménager là bas pour chiner peinard le week-end tout en bossant sur Paris. Je disais où pensez vous que les vendeurs d’ici trouvent leur galettes ? Bien sûr ils en achètent quelques unes sur le net, mais la majorité sont chopées ici, en vide grenier, chez les particulier, en boutique, et beaucoup vont justement en province.
Wonder B a écrit : Ensuite dire que les disquaires disparaissent c'est faux. Il y en a plus que jamais. Sauf que la forme a changé et que la tenue d'un magasin ayant pignon sur rue et devant payer patente c'est devenu trop cher en 2011 (en France en tout cas!)... Mais rassurez vous si le but c'est d'acheter et de vendre des disques, alors le marché ne s'est peut-être jamais aussi bien porté.
Si par dessus tout çà on découvre qu'on a la chance de dialoguer (car rien ne l'empêche et je ne m'en prive pas) avec les vendeurs (ou collectionneurs) à l'autre bout de la planète, çà me fait autant plaisir d'acheter sur le net à Talahassee que dans je ne sais quel arrondissement de Paris.
Et OUI je ressens le même plaisir quand je dégotte un disque au fin fond d'un bouclard poussiéreux aux US, que quand je gagne une enchère d'un truc que je cherche depuis des ans.
Je ne pige pas trop toute cette polémique.
J’ai l’impression que tu n’as pas lu ce que je disais. Je parle évidemment de disquaires avec une boutique physique. Pas de marchand virtuels. Moi j’aime brasser des disques, écumer des bacs, lire des listings ebay ou discogs me fait mal aux yeux. Vous trouvez ebay chaleureux ? Plus chaleureux qu’une boutique avec des gens en chair et en os, quelqu’un dont on entend la voix ? Dans ce cas j’avoue ne pas avoir d’arguments, mais en même temps ça me fait peur. Si vous trouvez qu’on peut avoir une discussion tout aussi élaborée, passionnée et spontanée en tapant sur un clavier par l’intermédiaire d’un écran, en destination d’une personne dont on ne voit pas le visage, que dans la vie réelle, je ne sais pas ce que je peux dire… Déjà je viens de passer une plombe à taper ce message alors pour la spontanéité on repassera.
Dans un autre message je posais la question : combien de temps passe-t-on dans la semaine les yeux rivés sur un écran (tv, pc, téléphone) et en comparaison combien en face à face avec autrui ? La comparaison n’effraie personne ? Alors on vit dans le meilleur des mondes, mais ça sera bientôt celui d’Huxley.
Ceci dit je ne suis sans doute pas en phase avec mon époque. C’est quand au fait la dernière fois que vous avez vu quelqu’un draguer dans les transports ou dans la rue ? A la place de ça chacun regarde son téléphone comme si les autres n’existaient pas autrement que par écran interposé, et les sites de rencontres sur le web font un carton.
Un(e) inconnu (e) vous aborde de façon impromptue pour refaire le monde ou vous parler de je ne sais quoi ? Il n’y a plus que dans quelques bistrots, et quelques ilots comme justement les marchés aux puces ou les vides greniers de quartier qu’on voit ça. Paraît même qu’il y en a qui se couchent en vérifiant combien ils ont d’ « amis » sur facebook… Cherchez l’erreur, mais c’est peut-être moi qui me trompe tout simplement. Il n’empêche que je suis nostalgique d’une époque semble-t-il révolue.
Le monde de l’entre-soi et des écrans ne me comble pas vraiment, même si j'en abuse beaucoup.
Wonder B a écrit :Et puis Christian, si tu ne cherches rien de spécial et que tu achètes à l'écoute quand tu découvres un truc en magasin, le net devrait justement être ton aussi choix. Car aujourd'hui la plupart des vendeurs en ligne proposent des extraits des disques qu'ils vendent, et j'en ai acheté comme çà des paquets dont je n'avais jamais entendu parler et sans rien chercher de précis non plus.
Là encore oui mais non… le plaisir de s’arrêter sur une pochette inconnue, de regarder les crédits, d’écouter le disque et d’avoir une bonne surprise ça n’existe pas pour toi ? La satisfaction d’avoir découvert une ref tout seul, sur l’intuition, sans qu’un vendeur te prémâches le truc non plus ? Moi en tout cas j’ai ça en moi et je peux garantir que ce n’est absolument pas la même émotion.
FoxyBronx a écrit :Pour moi le web et le lèche vitrine sont vraiment des modes d'achats complémentaires, je ne me vois pas me passer de l'un ou de l'autre.

Je suis d’accord, je n’ai jamais dit qu’il fallait exclusivement se référer à l’un ou l’autre. En plus dans ton domaine de recherche, évidemment, le choix en boutique est très limité. Mais pour les disques, je pense être bien placé pour dire qu’il y e encore des choses à trouver. Ceci dit, plus les gens resteront sur le net, moins les chineurs auront de concurrence, donc après tout c’est peut-être aussi bien comme ça !