The Continental IV - Dream World
Posté : 28 août 2011 23:29
LA SOUL OU LA PASSION SELON SAINT FREDDIE
The Continental IV - Dream World (Jay-Walking IWL-1020, 1972)
Titres
A1 (You're Living In a) Dream World (Norman Harris - Allan Felder) - 2:58
A2 Nite Moods (Robert L. Martin) - 4:58
A3 I Don't Have You (Saundra McGregor) - 2:47
A4 Escape From Planet Earth (Robert L. Martin) - 4:13
A5 Take a Little Time To Know Me (Robert L. Martin) -3:18
B1 Day By Day (Every Minute of the Hour) (Robert L. Martin - Eugene Lemon) -2:58
B2 Heaven Must Have Sent You (Eddie Holland - Lamont Dozier - Brian Holland) - 2:55
B3 How Can I Pretend (Thomas Keith) - 2:57
B4 The Love You Gave To Me (Robert L. Martin) -2:43
B5 Running Away (From Love) (Norman Harris - Allan Felder) - 2:50
Crédits
The Continental IV
Freddie Kelly : chant principal
Ronnie McGregor : chant principal et premier ténor
Larry McGregor : chant principal et second ténor
Anthony Burke : chant principal et bariton
Ronnie Baker : basse
Norman Harris : guitare
Roland Chambers : guitare
Bobby Eli : guitare
Earl Young : batterie
Larry Washington : congas
Vince Montana : percussions
Lenny Pakula : piano, orgue
Sam Reed : saxophone
John Davis : saxophone
Zach Zachery : saxophone
Fred Joiner : trombone
Richard Genevese : trombone
Bob Moore : trombone
Rocco Bene : trompette
John Lynch : trompette
Bobby Hartzel : trompette
Fredric Cohen : hautbois
Don Renaldo : cordes
Tony Sinagoga : cordes
Christine Reeves : cordes
Richard Jones : cordes
Rudy Malizia : cordes
Angelo Pretrella : cordes
Albert Berone : crordes
Romeo DiStefano : cordes
Charles Apollonia : cordes
Davis Barnett : cordes
Herschel Wide : cordes
Arrangements : Bobby Martin
Production : Bobby Martin
La pochette rutilante, tondo Botticellien mixant sexe et carrosserie, est un leurre : il se cache ici une Passion minée par le Tragique.
Passion portée par l'un des plus beaux falsettos qu'ait connus la Soul : Mr Freddie Kelly, lead vocal du groupe Continental IV composé d'Anthony Burke (baryton) et des frères McGregor (ténors).
Groupe éphémère d'un seul LP, Dream World, sorti en 1972 et qui est considéré par Dusty Groove comme One of the great lost classics of East Coast harmony soul of the 70s"
Cela débute en 1970 comme un véritable conte de fée : Bobby Martin, qui commence à posséder une sacrée réputation d'instrumentiste et d'arrangeur chez Gamble et Huff, rencontre des lycéens bourrés de talents, décide de les prendre sous son aile et de les produire sous le nom de Continental IV. Le pitch du drame qui se trame est que Bobby n'est pas le seul à fondre aux voix magiques de cette jeunesse aux choeurs d'anges, c'est ainsi que Gamble et Huff sont aussi très intéressés et veulent les avoir absolument dans leur écurie et de façon exclusive. Il s'ensuit une grosse bataille. Quolibets et partitions fusent, où finalement Bobby obtient gain de cause mais au prix de la fuite et de l'exil.
Effectivement, pour s'échapper du champ de vision et de l'ire des roitelets de la Philly, Bobby et les 4 membres de Continental IV s'enfuirent en prenant, précipitamment - sans idée de retour -, le train "Philadelphia to Harrisburg Main Line" et ils ne traversèrent nul océan, nulle montagne mais le pire obstacle qui puisse exister : le pays des Amishs dont tout le monde sait que leur croyance leur interdit toute sorte de musique...
Nous pouvions supposer que le conte de fée continuât dans le sens où ils atterrirent, par la suite, à Harrisburg et furent engagés séance tenante par le révérend Robert Fulton sur son label au nom prédestiné et magique de Soulville (même si, in fine, ils enregistrèrent pour le label soeur Jay Walking - réservé aux groupes dont il était difficile de prédire le futur...).
Et pourtant, ce futur, Bobby l'imaginait grand et renversant : il s'agirait de produire une Symphonie Soul pour voix séraphique qui plairait tout d'abord au révérend, qui évangéliserait dans un second temps les Amish et pour terminer qui battrait à plate couture les (pauvres) productions de Gamble et Huff. Il fit tout pour s'en convaincre : en plus des arrangements, il composa la moitié des morceaux, convoqua la crème des musiciens Philly et enregistra au temple des studios, soit le fameux Sigma Sound Studios.
Pendant ce temps-là, une autre destinée se dessinait : Gamble et Huff, revanchards, tombèrent amoureux du falsetto de Russell Thompkins Jr.'s des Stylistics comme leur futur producteur Thom Bell et ceci donna une des plus belles success story de la Philly Sound que l'on connaît, avec en prime un vrai Happy End.
Tout ce que ne fut pas le rêve ébréché de Bobby, son Fitzcarraldo à lui. Personne ne comprit pourquoi la carrière des Continental IV fut si brève. Nous savons juste que la voix de Freddie Kelly s'est éteinte mais nous ne savons ni quand ni comment, comme si cette voix s'était volatilisée dans un dernier moment de grâce par un beau soir de 1972.
Maintenant, imaginez un nightclub qui aurait comme mascotte une Lincoln Continental Golden Sunset flambant neuve trônant au milieu du décor composé de multiples tables basses sur lesquelles se reposeraient des lampes damasquinées et des cadavres de Budweiser.
Cette nuit, c'était au tour de Continental IV de faire le show.
Dès les premiers instants, la magie opéra : Freddie K. au devant de la scène, la lumière nimbant sa silhouette, celle-ci, penchée - aspirée - vers ses admirateurs, semblait être irréelle, seule sa voix - son falsetto légendaire - nous frappa physiquement, incendiant notre lobe temporal en étincelles phosphorescentes sur les premiers accords de sitar de "(You're Living In A) Dream World". La sitar aux couleurs orientales, les hautbois mozartiens au parfum classique s'engouffraient par delà cette voix de cristal, la portant au pinacle.
Hébétée, la salle pétrifiée se réchauffa au son du jazzy "Nite moods" où les harmonies divines se combinaient à un refrain de comédie musicale des années cinquante pour laisser place à un long solo de saxo à la note bleue qui donnait l'impression que l'espace s'agrandissait autour de vous dévoilant des balconnets suspendus, des terrasses avec vue sur la mer ornées de palmiers plantureux.
Cette image disparut, la passion reprit sa place avec "I don't have you". Que d'échanges amoureux, que de combats amoureux transmis littéralement par cette symphonie juvénile entre le falsetto solo de Freddie K.(identification fusionnelle avec la jeune autrice de 16 ans Saundra McGregor) et les choeurs interprétés par ses frères McGregor. Une intensité, une explosion de sentiments à la lisière de certains interdits ...
S'en suivit "Escape from planet Earth" : un thème de science fiction, bruitage avant-gardiste, chambre d'échos, une rythmique divine et funky cisaillée par des guitares tranchantes et des cuivres sortis des enfers où l'on reconnait la patte de Bobby ainsi que la richesse de sa palette : tout cela désorienta, renversa définitivement un public déjà tout abasourdi.
Heureusement arriva une offrande pour celui-ci sous la forme d' une ballade onctueuse "Take a little time to know me", un trésor de Sweet Soul, un baume guérissant les âmes.
La tension augmenta de nouveau d'un cran avec "Day by day (Every minute of the hour) où ici l'Harmony Soul par le jeu, voire l'affrontement, entre le falsetto et les choeurs, devient le théâtre d'une tragédie grecque et non plus un enjeu pour de simples harmonies si belles soient elles. Une nouvelle fois, Freddie K. lança ses poisons à la face de spectateurs à la limite de l'overdose, puis sortit de la scène laissant le reste du groupe décliner un "Heaven must have sent you" archi-connu, relax et légèrement up tempo.
Il revint, toujours aussi fantomatique, pour administrer à son public une dernière ligne droite où l'issue sera fatale.
Cela commença comme un concerto de hautbois, des harmonies en sucre d'orge entrèrent en scène et "How can I pretend" s'enfla pour devenir une autre tragédie soul dans laquelle Freddie K. en serait le héros. Le morceau funky qui suit "The love you gave to me" servit d'entracte, les fans à l'abandon - sourire aux lèvres - , pour mieux les achever sur "Running away (from love)", vaste tragédie d'Harmony Soul avec son ouverture hollywoodienne et dans laquelle le falsetto de Freddie K. atteignit des sommets de désespérance, et ce filet de voix si fragile, cette colonne d'air divin, se changea en une tornade inarrêtable.
L'image disparaît ; les lumières blafardes ré-apparaissent .
Les frères McGregor et Anthony Burke, hagards, livides et extatiques, sont toujours là sur la scène. Par contre, au devant de celle-ci, il ne reste qu'un micro Shure encore ruisselant, Freddie K n'est plus.
Certains disent que les soirs de pleine lune aux ivresses automnales, des échos de voix se font entendre parmi les bocages, psalmodiant invariablement "Dream world" au fin fond du pays des Amish...
Note : 5.5 stars / 6
(You're Living In a) Dream World :
Nite Moods :
I Don't Have You :
Escape From Planet Earth :
Take a Little Time To Know Me :
Day By Day (Every Minute of the Hour) :
Heaven Must Have Sent You :
How Can I Pretend :
The Love You Gave To Me :
Running Away :
Extra Bonus : The Way I Love You :
The Continental IV - Dream World (Jay-Walking IWL-1020, 1972)
Titres
A1 (You're Living In a) Dream World (Norman Harris - Allan Felder) - 2:58
A2 Nite Moods (Robert L. Martin) - 4:58
A3 I Don't Have You (Saundra McGregor) - 2:47
A4 Escape From Planet Earth (Robert L. Martin) - 4:13
A5 Take a Little Time To Know Me (Robert L. Martin) -3:18
B1 Day By Day (Every Minute of the Hour) (Robert L. Martin - Eugene Lemon) -2:58
B2 Heaven Must Have Sent You (Eddie Holland - Lamont Dozier - Brian Holland) - 2:55
B3 How Can I Pretend (Thomas Keith) - 2:57
B4 The Love You Gave To Me (Robert L. Martin) -2:43
B5 Running Away (From Love) (Norman Harris - Allan Felder) - 2:50
Crédits
The Continental IV
Freddie Kelly : chant principal
Ronnie McGregor : chant principal et premier ténor
Larry McGregor : chant principal et second ténor
Anthony Burke : chant principal et bariton
Ronnie Baker : basse
Norman Harris : guitare
Roland Chambers : guitare
Bobby Eli : guitare
Earl Young : batterie
Larry Washington : congas
Vince Montana : percussions
Lenny Pakula : piano, orgue
Sam Reed : saxophone
John Davis : saxophone
Zach Zachery : saxophone
Fred Joiner : trombone
Richard Genevese : trombone
Bob Moore : trombone
Rocco Bene : trompette
John Lynch : trompette
Bobby Hartzel : trompette
Fredric Cohen : hautbois
Don Renaldo : cordes
Tony Sinagoga : cordes
Christine Reeves : cordes
Richard Jones : cordes
Rudy Malizia : cordes
Angelo Pretrella : cordes
Albert Berone : crordes
Romeo DiStefano : cordes
Charles Apollonia : cordes
Davis Barnett : cordes
Herschel Wide : cordes
Arrangements : Bobby Martin
Production : Bobby Martin
La pochette rutilante, tondo Botticellien mixant sexe et carrosserie, est un leurre : il se cache ici une Passion minée par le Tragique.
Passion portée par l'un des plus beaux falsettos qu'ait connus la Soul : Mr Freddie Kelly, lead vocal du groupe Continental IV composé d'Anthony Burke (baryton) et des frères McGregor (ténors).
Groupe éphémère d'un seul LP, Dream World, sorti en 1972 et qui est considéré par Dusty Groove comme One of the great lost classics of East Coast harmony soul of the 70s"
Cela débute en 1970 comme un véritable conte de fée : Bobby Martin, qui commence à posséder une sacrée réputation d'instrumentiste et d'arrangeur chez Gamble et Huff, rencontre des lycéens bourrés de talents, décide de les prendre sous son aile et de les produire sous le nom de Continental IV. Le pitch du drame qui se trame est que Bobby n'est pas le seul à fondre aux voix magiques de cette jeunesse aux choeurs d'anges, c'est ainsi que Gamble et Huff sont aussi très intéressés et veulent les avoir absolument dans leur écurie et de façon exclusive. Il s'ensuit une grosse bataille. Quolibets et partitions fusent, où finalement Bobby obtient gain de cause mais au prix de la fuite et de l'exil.
Effectivement, pour s'échapper du champ de vision et de l'ire des roitelets de la Philly, Bobby et les 4 membres de Continental IV s'enfuirent en prenant, précipitamment - sans idée de retour -, le train "Philadelphia to Harrisburg Main Line" et ils ne traversèrent nul océan, nulle montagne mais le pire obstacle qui puisse exister : le pays des Amishs dont tout le monde sait que leur croyance leur interdit toute sorte de musique...
Nous pouvions supposer que le conte de fée continuât dans le sens où ils atterrirent, par la suite, à Harrisburg et furent engagés séance tenante par le révérend Robert Fulton sur son label au nom prédestiné et magique de Soulville (même si, in fine, ils enregistrèrent pour le label soeur Jay Walking - réservé aux groupes dont il était difficile de prédire le futur...).
Et pourtant, ce futur, Bobby l'imaginait grand et renversant : il s'agirait de produire une Symphonie Soul pour voix séraphique qui plairait tout d'abord au révérend, qui évangéliserait dans un second temps les Amish et pour terminer qui battrait à plate couture les (pauvres) productions de Gamble et Huff. Il fit tout pour s'en convaincre : en plus des arrangements, il composa la moitié des morceaux, convoqua la crème des musiciens Philly et enregistra au temple des studios, soit le fameux Sigma Sound Studios.
Pendant ce temps-là, une autre destinée se dessinait : Gamble et Huff, revanchards, tombèrent amoureux du falsetto de Russell Thompkins Jr.'s des Stylistics comme leur futur producteur Thom Bell et ceci donna une des plus belles success story de la Philly Sound que l'on connaît, avec en prime un vrai Happy End.
Tout ce que ne fut pas le rêve ébréché de Bobby, son Fitzcarraldo à lui. Personne ne comprit pourquoi la carrière des Continental IV fut si brève. Nous savons juste que la voix de Freddie Kelly s'est éteinte mais nous ne savons ni quand ni comment, comme si cette voix s'était volatilisée dans un dernier moment de grâce par un beau soir de 1972.
Maintenant, imaginez un nightclub qui aurait comme mascotte une Lincoln Continental Golden Sunset flambant neuve trônant au milieu du décor composé de multiples tables basses sur lesquelles se reposeraient des lampes damasquinées et des cadavres de Budweiser.
Cette nuit, c'était au tour de Continental IV de faire le show.
Dès les premiers instants, la magie opéra : Freddie K. au devant de la scène, la lumière nimbant sa silhouette, celle-ci, penchée - aspirée - vers ses admirateurs, semblait être irréelle, seule sa voix - son falsetto légendaire - nous frappa physiquement, incendiant notre lobe temporal en étincelles phosphorescentes sur les premiers accords de sitar de "(You're Living In A) Dream World". La sitar aux couleurs orientales, les hautbois mozartiens au parfum classique s'engouffraient par delà cette voix de cristal, la portant au pinacle.
Hébétée, la salle pétrifiée se réchauffa au son du jazzy "Nite moods" où les harmonies divines se combinaient à un refrain de comédie musicale des années cinquante pour laisser place à un long solo de saxo à la note bleue qui donnait l'impression que l'espace s'agrandissait autour de vous dévoilant des balconnets suspendus, des terrasses avec vue sur la mer ornées de palmiers plantureux.
Cette image disparut, la passion reprit sa place avec "I don't have you". Que d'échanges amoureux, que de combats amoureux transmis littéralement par cette symphonie juvénile entre le falsetto solo de Freddie K.(identification fusionnelle avec la jeune autrice de 16 ans Saundra McGregor) et les choeurs interprétés par ses frères McGregor. Une intensité, une explosion de sentiments à la lisière de certains interdits ...
S'en suivit "Escape from planet Earth" : un thème de science fiction, bruitage avant-gardiste, chambre d'échos, une rythmique divine et funky cisaillée par des guitares tranchantes et des cuivres sortis des enfers où l'on reconnait la patte de Bobby ainsi que la richesse de sa palette : tout cela désorienta, renversa définitivement un public déjà tout abasourdi.
Heureusement arriva une offrande pour celui-ci sous la forme d' une ballade onctueuse "Take a little time to know me", un trésor de Sweet Soul, un baume guérissant les âmes.
La tension augmenta de nouveau d'un cran avec "Day by day (Every minute of the hour) où ici l'Harmony Soul par le jeu, voire l'affrontement, entre le falsetto et les choeurs, devient le théâtre d'une tragédie grecque et non plus un enjeu pour de simples harmonies si belles soient elles. Une nouvelle fois, Freddie K. lança ses poisons à la face de spectateurs à la limite de l'overdose, puis sortit de la scène laissant le reste du groupe décliner un "Heaven must have sent you" archi-connu, relax et légèrement up tempo.
Il revint, toujours aussi fantomatique, pour administrer à son public une dernière ligne droite où l'issue sera fatale.
Cela commença comme un concerto de hautbois, des harmonies en sucre d'orge entrèrent en scène et "How can I pretend" s'enfla pour devenir une autre tragédie soul dans laquelle Freddie K. en serait le héros. Le morceau funky qui suit "The love you gave to me" servit d'entracte, les fans à l'abandon - sourire aux lèvres - , pour mieux les achever sur "Running away (from love)", vaste tragédie d'Harmony Soul avec son ouverture hollywoodienne et dans laquelle le falsetto de Freddie K. atteignit des sommets de désespérance, et ce filet de voix si fragile, cette colonne d'air divin, se changea en une tornade inarrêtable.
L'image disparaît ; les lumières blafardes ré-apparaissent .
Les frères McGregor et Anthony Burke, hagards, livides et extatiques, sont toujours là sur la scène. Par contre, au devant de celle-ci, il ne reste qu'un micro Shure encore ruisselant, Freddie K n'est plus.
Certains disent que les soirs de pleine lune aux ivresses automnales, des échos de voix se font entendre parmi les bocages, psalmodiant invariablement "Dream world" au fin fond du pays des Amish...
Note : 5.5 stars / 6
(You're Living In a) Dream World :
Nite Moods :
I Don't Have You :
Escape From Planet Earth :
Take a Little Time To Know Me :
Day By Day (Every Minute of the Hour) :
Heaven Must Have Sent You :
How Can I Pretend :
The Love You Gave To Me :
Running Away :
Extra Bonus : The Way I Love You :