FUNK-O-LOGY

LA SOUL Où LE DESTIN DE CURTIS EST PLUS SOMBRE QUE LE BLEU DE SON FALSETTO

Curtis Mayfield - Curtis (Curtom CRS 8005, 1970)




Titres

A1 (Don't Worry) If There's A Hell Below We're All Going To Go 7:46
A2 The Other Side Of Town 4:00
A3 The Makings Of You 3:40
A4 We The People Who Are Darker Than Blue 6:00

B1 Move On Up 8:50
B2 Miss Black America 2:55
B3 Wild And Free 3:12
B4 Give It Up 3:45

Crédits

Philip Upchurch : guitare
Patrick Ferreri : guitare
Donald Simmons : batterie
Robert Sims : batterie
Henry Gibson percussions
Robert Lewis : trompette
John Howell : trompette
Clifford Davis : saxophone
Leonard Druss : saxophone, flûte
Ronald Kolber : saxophone
Loren Binford : trombone
Harold Dessent : anches
Sol Bobrov : violon
Harold Klatz : viole
Harold Lepp : ?
John Ross : ?
Richard Single : ?
Rudolph Stauber : ?
Sam Heiman : ?

Chef d'orchestre : Elliot Golub
Arrangements : Curtis Mayfield, Gary Slabo, Riley Hampton
Production : Curtis Mayfield


Quand Curtis Mayfield crée en 1970 son label Curtom et sort son premier LP SOLO éponyme, il sait qu'il contribue à la création d'une nouvelle ère SOUL, celle-ci perd sa naiveté, son innocence pour faire place à la réflexion, à la maturité et à une certaine sophistication dans la production de son contenu.
Ce qu'il ne sait pas encore, c'est que son premier Curtis [1970] fera partie de "la bande des 4" chefs d'oeuvres (avec Roots [1971], Superfly [1972] et Back To World [1973]), une série qui illuminera la Soul dès les débuts Seventies de sa magnificence, et qui marquera à jamais la "touch Mayfield" !

En quoi consiste cette alchimie, pour la décrire (mieux que je ne le pourrais) je vous renvoie à un extrait d'un de mes critiques préférés Christophe Conte qui écrivait ceci dans les inrocks :
"L'alchimie qu'il peaufine alors tient autour de deux ou trois idées invariables : des bongos qui tracent la route, invitant à une transe lumineuse, une pédale wah-wah qui hachure les mesures et picore la moelle épinière, un baume de violons et des cuivres au souffle laiteux, cette voix enfin qui adoucit les coups de reins de la rythmique funky dans un corps à corps aux langueurs irrésistibles.
Sa voix : ce fameux falsetto à la fragilité coupable dans le monde des stentors du rhythm'n'blues et des roucouleurs sensualistes, perché sur la même brindille que celle de Smokey Robinson et capable comme lui des plus somptueux envols"
C'est exactement çà !

Chaque face débute par un long manifeste symphonique, groovy et incantatoire, qui sera sa marque de fabrique.
"Sisters! Niggers! Whiteys! Jews! Crackers! ..." c'est par ces mots éructés finissant dans un hurlement plein d'échos que commence "Don't Worry", avant que n'arrivent la batterie, la pédale wah wah, les cuivres au-dessus desquels s'infiltre le falsetto si particulier de Curtis et sa somme de frissons.
Et que dire de la puissance groovy de "Move On Up" qui ouvre la face B, parangon inimitable pendant plus de 8 minutes de son style.

Mais ce que je préfère chez lui c'est la sophistication de ses morceaux lents : de véritables comédies musicales tournées en technicolor, intégrant des variations de thèmes incessants, où tout concourt pour fournir à l'auditeur (hagard) une fête de sons orgiaques.

Il suffit d'écouter les débuts de "Other Side Of Town" : véritable concerto pour harpe et orchestre, de "The Makings Of You" : valse portée par des violons tristes.
La joliesse, la sophistication n'est qu'un de ses atouts, Curtis sait se faire aussi tragédien dans "We The People Who Are Darker Than Blue", il suffit d'écouter le pont du morceau adressé par un tapis de percussions sur lequel l'ami Curtis fait monter une mayonnaise de cuivres ébouriffés jusqu'au cri primal, suivi d'un glissando de harpes magiques aboutissant au retour de la mélopée, du tragique qui reprend ses droits... Chef d'oeuvre !

Nous allons le laisser pondre ses prochaines pépites, jusqu'à ce que suivent un déclin progressif, un accident bête, une traversée du désert, une tentative de come back puis une fin tragique.

Car il est dit que son destin serait plus sombre que l'envol de son falsetto diaphane pouvait le supposer...

Note: 6 stars / 6

(Don't worry) If There's A Hell Below We're All Going To Go :


The Other Side Of Town :


The Makings Of You :


We The People Who Are Darker Than Blue :


Move On Up :


Miss Black America :


Wild And Free :


Give It Up :

Merci Revpop, quel album fantastique! (Don't Worry) If There's A Hell Below We're All Going To Go, We The People Who Are Darker Than Blue et Move On Up sont mes titres préférés de l'album, mais tout est magnifique.

J'ai la version CD parue chez Rhino avec les bonus aussi:

1 (Don't Worry) If There's A Hell Below We're All Going To Go 7:51
2 The Other Side Of Town 4:01
3 The Makings Of You 3:43
4 We The People Who Are Darker Than Blue 6:06
5 Move On Up 8:54
6 Miss Black America 2:58
7 Wild And Free 3:16
8 Give It Up 3:49

Bonus Tracks:

9 Power To The People (Demo) 2:47
10 Underground (Demo) 3:11
11 Ghetto Child (Demo) 5:10
12 Readings In Astrology (Demo) 3:31
13 Suffer (Demo) 2:31
14 Miss Black America (Demo) 2:22
15 The Makings Of You (Backing Tracks, Take 32) 4:35
16 (Don't Worry) If There's A Hell Below We're All Going To Go (Backing Tracks, Takes 1 & 2) 9:34
17 (Don't Worry) If There's A Hell Below We're All Going To Go (Edited Single Version) 3:26

un album d'anthologie qui n'a pas volé le rare 6/6 attribué par Revpop

C'est vrai que les 6 stars se font rares, mais y en a ...en cherchant bien ... euh ..je pense à Lionel Richie ...par ex ....dans son Opus Magnum ...."All N....."

Rien à dire, un chef d'oeuvre comme il y en a peu (évidemment!) et qui mérite son 6/6...

(sinon je ne voudrais pas dire mais j'en ai marre de corriger le nom de Lionel dans tous les posts... çà s'écrit RICHIE sans T avant le C!)

pour moi cet album va bien au delà de la simple musique... Quand j'écoute We The People Who Are Darker Than Blue, j'ai les poils qui se dressent de partout! Quelle force ce morceau...

je dirais pas mieux , excellent album , j'ai commencé par celui là pour découvrir Curtis .

FUNKY style .

je suis assez étonné que personne n'ait fait de commentaires sur ce que j'appelle "la bande des 4" chefs d'oeuvres ( mauvais jeu de mots, je concède, qui ne pouvait provenir que d'un ex mao comme REVolutionPOPulaire).
Pas d'objections ?

Aucune objection pour ma part: ce sont bien 4 chef-d'oeuvres!

Oui, ses premiers LP's Curtom sont aussi ceux que je préfère.

Mais j'aime aussi beaucoup les premiers disques des Impressions, sur ABC.

The Funky Whistler a écrit :

Revpop a écrit :je suis assez étonné que personne n'ait fait de commentaires sur ce que j'appelle "la bande des 4" chefs d'oeuvres ( mauvais jeu de mots, je concède, qui ne pouvait provenir que d'un ex mao comme REVolutionPOPulaire).
Pas d'objections ?

Aucune objection pour ma part: ce sont bien 4 chef-d'oeuvres!

idem

un authentique chef d'oeuvre, mon Curtis préféré après Superfly. Si on ne donne pas les 6 étoiles là on ne les donne jamais.

Je trouve qu'il ne faut pas négliger les albums ultérieurs, parmi lesquels beaucoup de perles : Sweet Exorcist, There's No Place Like America Today, Short Eyes, Something To Believe In, pour n'en citer qu'une poignée.

Et vous ne mentionnez pas le live, pour moi un des tous meilleurs dans sa catégorie avec une ambiance très intimiste (et je ne suis pas très live dans l'absolu).

Quand à "All Night Long" oui je donnerai bien pas loin de 6 étoiles au morceau (pas à l'album bien sûr), ce sont des styles tout à fait différents, je ne vois pas pourquoi on s'interdirait d'apprécier les deux (à part par manque de place sur les étagères)

Jean a écrit :Et vous ne mentionnez pas le live, pour moi un des tous meilleurs dans sa catégorie avec une ambiance très intimiste (et je ne suis pas très live dans l'absolu)

J'adore le Curtis Live, on a l'impression d'être dans le public, et la musique est fine, délicate, et pleine de feeling.

Je laisse le soin à d'autres de chroniquer leurs passions sur les albums post "Back To The World" et le Curtis live.
Sur ces albums, même si je les apprécie tous un peu, je m'enflammerais moins...et j'aurais donc moins de choses à raconter ("enfin, tant mieux ! ; coco, tu vas faire place à la musique et laisser ce lyrisme de poéêète boutonneux à d'autres...." )

De même j'invite Phil à nous commenter les disques des Impressions des années 60 qui sont des petits bijoux...

Jean a écrit :Je trouve qu'il ne faut pas négliger les albums ultérieurs, parmi lesquels beaucoup de perles : Sweet Exorcist, There's No Place Like America Today, Short Eyes, Something To Believe In, pour n'en citer qu'une poignée.

Pour moi, There's no place like america Today est peut être son meilleur... Billy Jack est à tomber...